LA CLAIRIERE DU GRAND N’IMPORTE QUOI
Alain Béhar
- Pièce écrite en 2018
- Année et lieu de sa création 2019 au Printemps de Comédiens de Montpellier
- Année et lieu de sa publication 2019 Editions Espaces 34
Résumé
C’est une épopée géo-poétique un peu dingue, entre théâtre et performance. Les mots et les gens s’échappent d’un monde globalement catastrophé et migrent vers l’imaginaire, sur un très grand bateau en papier. On y accueille tous les métissages. Un peu l’arche de Noé ou La croisière s’amuse. On croise en chemin des Berbères du Vietnam plus ou moins LGBT, des Kabyles islandais aristotéliciens, les Ivoiriens d’Oulan-Bator, des Inuits burkinabés… et tout se passe très bien.
Note d’intention
… C’est un conte, un récit à conter seul ou à plusieurs selon les jours, sur un plateau ou sous un arbre, entre théâtre et performance. Une épopée un peu dingue, un récit géo-poétique, on va dire, vaguement visionnaire, foutraque ou en colère ou politique… Il y est question entre autres choses d’une Afrique (des Afriques d’un peu partout) fantasmée, de catastrophes à soi ou planétaires en tous genres, d’un temps saturé d’informations qui se mélangent, d’images et d’actualités, de gens qui migrent vers l’imaginaire et d’un grand bateau en papier (entre l’Arche qui sauve et La croisière s’amuse) qui accueille tous les métissages. On y navigue sur une mer de lait. C’est à rire et à pleurer, en même temps. Il semble que la terre y tourne de temps en temps dans l’autre sens et autour d’autre chose. On s’emploie donc joyeusement à reconsidérer le sens qu’on donnait avant au mot » sens » et on s’en va, vers une improbable clairière au milieu du grand tout, dans la forêt de ce qu’on en sait déjà. Et la couleur gagne le blanc…
Alain Behar
À titre personnel ou avec sa compagnie Quasi, Alain Béhar a été associé à La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, au Théâtre des Bernardines et à la Scène nationale du Merlan à Marseille, à la Scène nationale de Sète, au théâtre de Clermont l’Hérault. Actuellement au théâtre des 13 vents CDN de Montpellier et au Théâtre du Bois de l’Aune à Aix en Provence. Il est lauréat de la Villa Medicis hors les murs. Il a écrit et créé une dizaine de pièces depuis 2000 : Monochromes, Bord et bout(s), Tangente, Sérénité des impasses* 26 sorties du sens atteint ; Des Fins (épilogues de Molière), une variation avec les 33 fins des 33 pièces de Molière ; Manège ; Mô ; Até ; Angelus Novissimus ; Teste ou le lupanar des possibilités d’après Monsieur Teste de Paul Valery, Les Vagabondes. Il intervient par ailleurs régulièrement dans des contextes de formation, dans des écoles et à l’université.
Note de lecture
Impossible de vraiment résumer cette pièce tout à fait singulière qui tient autant d’un conte néo-gothique (selon son auteur), du poème marathon, de la prophétie visionnaire que du pamphlet politique. On va dire que dans un monde complètement désorienté (au sens le plus fort : celui qui oblige à se questionner sur le sens même du mot sens) par des catastrophes de toutes natures plus ou moins déjà initiées (comme le dérèglement climatique, la détresse économique de l’Afrique et l’émigration massive par exemple…) comme tout à fait imaginaires et plus ou moins fantasmatiques (l’inversion de la rotation de la terre avec ses conséquences sur le temps) des hommes de toutes les appartenances ethniques et culturelles s’embarquent sur un grand vaisseau de papier, gigantesque Arche de Noé de la taille d’un continent.
C’est une pièce complexe et assez difficile à saisir au pas à pas, mais qui nous parle justement de la complexité de notre époque et de notre incompréhension d’un monde où se télescopent dans un maelström d’images qui défilent à la vitesse du zapping, les visions spectaculaires d’une catastrophe inéluctable, les tentatives vaines et désespérées de la prévenir et de la diversité des attitudes humaines. Comme une croisière qui s’amuserait à bord du Titanic. Inquiétant, terrible, terriblement drôle, un texte qui offre par instant des images d’une fulgurante beauté.