Assemblée Générale à Lisbonne 2017

L’Hôtel Sana Lisboa se dresse à la manière d’une haute forteresse de luxe non loin de la place Marquis de Pombal. De ma fenêtre au neuvième étage, je regarde pour la dernière fois la ville hérissée de grues et le Tage, enveloppé d’un léger voile de brume, tout au fond du vallon découpé dans les collines de Lisbonne par le quartier de la Baixa. De part et d’autre, sur ses hauteurs, la cité se déploie avec ses beaux immeubles anciens et ses églises baroques, ses quartiers pittoresques… A gauche, en dépit de la distance, on distingue parfaite- ment les remparts du Castelo et les drapeaux qui flottent au dessus de ses créneaux. A leur pied, se situe le Théâtre Taborda qu’on cherche vainement du regard pour un dernier salut.

Trois jours se sont passés depuis notre arrivée pour cette quatrième assemblée du réseau Eurodram et comme les précédentes années, la question demeure de savoir comment les raconter en respectant un minimum la studieuse réalité de nos réunions, tout en se laissant guider par la pénétrante poésie de son lieu de résidence. Et à vrai dire, sous cette lumière matinale, on se sent davantage porté par l’esprit de vagabondage, par le parfum si particulier de la capitale portugaise.

Alors, bien évidemment, on ne pourra pas éviter d’évoquer le quartier d’Alfama et ses venelles en pente rapide, aux pavés si usés qu’ils en précipitent la descente. Un ascenseur public permet de s’épargner cet éventuel périple, lorsqu’au terme d’hasardeuses divagations, on parvient à le repérer, au grand soulagement de ses jambes.

Dans un rapide tour d’horizon des images imposées, on ne ne pourra pas non plus éviter de mentionner les célèbres tramways rouges ou jaunes qui ferraillent dans les ruelles tortueuses, suspendus à leur perche comme de funambules araignées. A chacune de leurs fenêtres, se découpent les visages de visiteurs réjouis dont le parfait alignement évoque malicieusement un théâtre de marionnettes. A leur trafic, s’ajoute celui des taxis noirs et verts et la longue procession des tricycles, homologues lisboetes des touk-touks asiatiques, qui sillonnent en grand nombre le dédale historique des quartiers populaires en quête d’émotions touristiques et de découvertes programmées. Ils longent en silence les façades délabrées de vieilles habitations couvertes d’azuleiros en partie décollés et de balcons en fer forgé qui

commencent à rouiller. Des graffitis et autres tags envahissent ça et là les ruines d’anciennes bâtisses déshabillées de leurs toitures et d’une partie de leurs huisseries.

Pour la mémoire, on évoquera quelques édifices remarquables qu’on ne prendra pas le temps de visiter ou les mosaïques de pavés, sobrement noirs et blancs, qui ornent les trottoirs et les parvis des places et dont le miroitement lustré fait penser qu’il a plu quand la nuit est tombée. Et puis, pour les gourmands, on mentionnera enfin les restaurants de poissons grillés, les iconiques sardines, les morues cuisinées à toutes les sauces du Portugal ou encore les pasteis de natas, ces tartelettes à la crème qui font figure de véritables spécialités pâtissières de la ville. A Lisbonne, c’est acquis, on monte et on descend et on use ses semelles. Mais au terme de sa déambulation une seule question s’impose : comment ne pas aimer Lisbonne ?

La même question se pose concernant le Théâtre Taborda. Comment ne pas aimer ce théâtre incroyable perché sur quatre étages juste avec ses larges baies vitrées qui s’ouvrent, tant au niveau du bar qu’a ceux des salles de réunion, sur un panorama imprévisible de la vieille ville ? Comment, dans le même esprit, ne pas apprécier l’accueil qui nous est fait par Maria et Carolina? Comment ne pas se réjouir de se retrouver une nouvelle fois après Pristina, Sofia et Istambul et de constater que les choses avancent dans la bonne direction ? Que toutes ces énergies patiemment associées sont en train de construire un véritable réseau au dessus des frontières et cela sans moyens ou presque, en dehors de la mainmise des institutions ?

Jeudi 21 septembre

Mais revenons trois jours plus tôt. Tout commence jeudi dernier dans un Aérobus en compagnie de Jeton, le coordinateur du comité albanais. Le hasard a voulu que nous prenions le même avion et l’amitié que nous choisissions de poursuivre le chemin ensemble. Nous sommes donc dans l’Aérobus, la navette aéroportuaire de Lisbonne, et découvrons un paysage urbain moderne qui n’a rien de commun avec les images de la ville précédemment décrites. Il est près de 17h et d’évidence, nous serons en retard à la première réunion de l’AG. Avant de nous y rendre, il nous faut dénicher l’hôtel, régler les formalités hôtelières, déposer nos valises et arrêter un taxi avec l’aide d’un souriant portier. Taxi qui nous emmène dans un labyrinthe de ruelles plus ou moins escarpées et nous dépose, un peu perdus, devant la porte d’un bâtiment qui au premier regard, ne ressemble guère à un théâtre.

La réunion est commencée depuis un bon bout de temps et c’est l’heure de la pose. Laquelle a fait descendre toute l’assemblée de deux étages, au bar. Thé, café, pâtisseries, fauteuils en rotin, terrasse pour les fumeurs et échanges de salutations. Ce plaisir simple des accolades et des sourires de bienvenue. Il y a là Dominique, bien sûr, le coordinateur général, nos hôtesses portugaises Maria et Carolina et les représentants de plusieurs comités que je crains de ne pas pouvoir tous nommer : Wolfgang, Nicole, Henning du comité allemand, Frédéric du comité italien, Hakan notre hôte à Istanbul, Andreas du comité grec, Lilach et Nohar du comité hébreu, Sarah du comité anglais, Gergana et Vasilena du comité bulgare, Amin du comité arabe et Tiana, la nouvelle coordinatrice du comité BCMS… j’en oublie sans doute. Il ne semble manquer qu’Ulrike et Anna qui nous rejoindront plus tard.

La pose étant finie, nous nous retrouvons dans la salle de réunion, pièce vaste et lumineuse, où se poursuit la réunion. L’objectif est de présenter rapidement la dernière sélection de trois pièces effectuée par chaque comité. Chacun dispose de cinq minutes pour s’acquitter de cette tâche qui se double par ailleurs d’un document écrit. Mais le but est également de faire part de sa démarche, de ses éventuels critères de choix et des difficultés de réunir les textes quand ces difficultés se présentent. Alors, il peut se produire que les cinq minutes soient dé- passées ou que des questions émergent… Néanmoins la réunion ne s’éternise pas car le pro- gramme de la soirée impose le respect des horaires.

Il y a tout d’abord un repas de bienvenue organisé au bar sous forme de buffet. Occasion de bavarder avec quelques amis de choses plus ou moins importantes et d’apprécier, plus que nécessaire, le vin blanc portugais, tout en se laissant happer à travers les fenêtres par le panorama urbain où il reste difficile de repérer notre chemin. Cette aimable collation se pour- suit par une lecture publique dans un auditorium à l’étage supérieur. Trois actrices dont Ma- ria proposent de faire entendre Cindirella, une pièce bulgare de Gergana traduite en portugais. L’exercice de l’écoute est assez délicat mais l’énergie des trois lectrices communique une certaine émotion d’autant qu’elles se sont équipées de plusieurs accessoires pour rendre la lecture ludique et que régulièrement, elles se lèvent de leur table pour présenter à l’auditoire des photos de personnalités féminines. La musique de la langue est plaisante à l’oreille. Et à défaut de comprendre réellement quelque chose, on se laisse agréablement séduire, sans ennui ni regret.

Après la lecture, nous attendons un taxi pour rentrer à l’hôtel quand un jeune homme s’adresse à nous en français: « Vous avez compris quelque chose ? » Notre réponse ne le surprend pas et une discussion s’engage. Ce garçon d’origine ukrainienne est étudiant à l’université de Lisbonne où il prépare un master de traduction. Il a vécu de longues années de son enfance en Angola où il a poursuivi ses études au lycée français, d’où sa connaissance des trois langues. Disposant du véhicule paternel, il nous propose aimablement de nous reconduire à l’hôtel. Et il nous offre, pour l’occasion, notre première promenade nocturne à Lisbonne avec l’assistance de son GPS.

Vendredi 22 septembre

Une longue journée de travail nous attend et nous nous sommes levés de bonne heure. Dans la salle de petit déjeuner, au deuxième sous-sol de l’hôtel, les coordinateurs Eurodram se sont répartis autour de deux ou trois tables et les conversations ne sont pas toutes professionnelles. La salle de restaurant envahie de touristes en short et tenues d’été, le ballet incessant des serveurs et les comestibles disponibles dans les vitrines réfrigérées invitent à se ménager un court instant de détente.

Histoire de s’aérer et de bénéficier du paysage urbain, nous décidons avec Frederic de nous rendre au théâtre à pied. Une bonne demie heure de marche en empruntant sur toute sa longueur l’Avenue de la Liberté.

Sur la place des Restauradores, nous retrouvons Henning qui sort d’une station de métro et en sa compagnie, nous rejoignons au jugé une des ruelles en escaliers qui grimpent vers le Castelo. A pied, l’itinéraire me semble beaucoup plus simple que ceux empruntés la veille et qui m’avaient désorienté.

La première rencontre de la matinée, programmée à 10 heures, a lieu dans la même salle de réunion. Il s’agit à présent de parler davantage du fonctionnement de chaque comité, de ce qu’il a pu faire ou non, de ses difficultés diverses, de ses projets, de ses attentes… Inventaire nécessaire qui s’achève par une longue discussion sur les obligations de chacun et sur les possibilités d’entre-aide via le réseau.

Pause déjeuner tardive. Wolfgang a déniché un petit restaurant dans le Barrio Alto, à environ vingt minutes de marche et propose de nous y conduire. Il nous vend si bien son affaire que, Frédéric et moi, sommes tentés de le suivre malgré le peu de temps dont nous disposons. Nous ne le regrettons pas. L’établissement est un de ces bistrots sans prétention gastronomique, fréquentés uniquement par des travailleurs du quartier et la cuisine s’y montre aussi généreuse qu’authentique. Et le rapport qualité-prix est largement indiscutable, tout comme l’est notre dépaysement. L’estomac plein, c’est d’un bon pas que nous remontons jusqu’au théâtre et l’ascenseur public s’avère le bienvenu.

Les échanges se poursuivent durant l’après midi jusqu’à environ 19h car la salle doit être libérée pour une nouvelle lecture publique. Ecourtés, ils n’en sont pas moins productifs et portent principalement sur les moyens de dynamiser et d’étendre le réseau: créer de nouveaux comités, favoriser les échanges et les traductions, concerner davantage les comités en sommeil…

Toutes ces discussions en anglais ont largement entamé ma capacité d’écoute et avec Viviane qui m’attend au bar du théâtre, je décide de m’éclipser pour aller marcher jusqu’au Tage et flâner dans le quartier de la Baixa au risque d’être alpagué par un rabatteur de restaurant. Et c’est effectivement ce qui se produit.

Retour à pied à l’hôtel, dans la nuit tiède de Lisbonne. Sur la place Rossio, un défilé de mode se prépare au bord de la fontaine et de ses belles statues éclairées et Le Roi Lear est à l’affiche du Théâtre National Dona Maria.

Samedi 23 septembre

Au cours d’un bref échange avec Dominique et Ulrike dans un petit bistrot juste en face du théâtre, je les informe de mon intention de ne pas participer à la réunion de la matinée consacrée aux histoires de budget, afin de discuter en tête à tête avec Amin qui semble un peu perdu dans l’organisation de son comité arabe. Amin accepte l’invitation et nous nous retrouvons au bar. Nous essayons de voir ensemble comment je peux l’aider, préciser certains points et même ouvrir des pistes pour essayer de dénicher des textes arabophones. Sa principale difficulté étant liée au fait que nombre des auteurs maghrébins continuent à écrire en français pour s’assurer une plus large écoute et pour déjouer la censure, fréquente dans leur pays. C’est une conversation sereine et franche, soulagée des tensions qui ne manquent pas de s’exprimer lors des échanges collectifs.

Cette fois, la pause du déjeuner est vraiment trop courte pour envisager de redescendre dans notre cantine ouvrière du Barrio Alto et nous sommes nombreux à jeter notre dévolu sur l’établissement le plus proche qui donne dans la cuisine bio internationale. Jus de citron et taboulé chaud, service au ralentis, ambiance confinée et néanmoins détendue. Rien à voir avec l’animation travailleuse de la veille.

La dernière séance de l’après-midi est porte sur l’organisation de la prochaine assemblée générale, laquelle devra se tenir à Tel Aviv à l’invitation de Lillah et du comité hébreu. Avant la tenue d’un débat, en portugais et en anglais, au sujet de la traduction théâtrale, ont lieu les traditionnelles séances de photo sur la terrasse. Et les sourires témoignent de la satis- faction générale et du constat effectué par chacun des progrès du réseau Eurodram.

Petite vadrouille dans le quartier, histoire de collecter quelques images pour alimenter cette chronique. L’air frais de la fin de journée s’écoule sous les arbres qui bordent les hauts murs du château et les terrasses en belvédère profitent des derniers rayons de soleil tandis que toutes les langues se mêlent dans l’ivresse toute relative d’un verre de Vino verde ou d’une bière locale. Tout en bas, sur le Tage, un paquebot de croisière jette un appel de corne de brume pour inviter ses passagers à rejoindre le bord. Une assiette de morue grillée au restau-rant du Chapitô avec panorama romantique et soleil couchant sur le Tage conclue cette échappée touristique.

La journée se poursuit avec la représentation du spectacle Ella diz proposé par le Teatro da garagem. Un dialogue décisif entre une mère et sa fille, dont les surtitres en anglais traduisent l’âpreté et le caractère métaphysique sur fonds de mort maternelle. On pense à Nathalie Sarraute, allez savoir pourquoi. Mais plus souvent à Marguerite Duras en raison de la répétition de la mention « Elle dit » ajoutée aux répliques.

Le retour à l’hôtel se fera de nouveau à pied, en compagnie de Sarah, la coordinatrice anglaise.

Eurodram-Hauptversammlung in Lissabon 2017

Das Hotel Sana Lisboa erhebt sich nicht weit vom Platz Marquis wie eine hohe Luxusfestung . Von meinem Fenster in der neunten Etage schaue ich zum letzten Mal über die Stadt im Stadteil Baixa mit den zahlreichen Baukränen und dem Tejo, über dem am Grunde des Tales, das er in die Hügel Lissabons geschnitten hat, ein leichter Dunstschleier liegt. Beiderseits entfaltet sich auf den Höhen die Stadt mit ihren schönen, alten Wohnhäusern, ihren barocken Kirchen und den pittoresken Stadtvierteln… Links kann man trotz der Entfernung genau die Wehrmauern des Kastells und die über seinen Zinnen wehenden Fahnen erkennen. An seinem Fuße liegt das Theater Taborda, das der Blick vergeblich für einen letzten Gruß sucht.

Drei Tage sind seit unserem Eintreffen zu dieser vierten Hauptversammlung des Eurodram-Netzwerkes vergangen und wie in den Jahren zuvor stellt sich die Frage, wie man von ihnen erzählen soll, wenn man mit einem Mindestmaß an Realismus den fleißigen Ernst unserer Treffen wiedergeben und sich gleichzeitig von der durchdringenden Poesie des Ortes leiten lassen will. Im frühen Morgenlicht fühlt man sich, ehrlich gesagt, eher vom vagabundierenden Geist, vom unverwechselbaren Parfum der portugiesischen Hauptstadt bestimmt. Man kommt also nicht umhin, vom Alfama-Viertel und seinen steil abfallenden Gässchen zu sprechen, vom glattgelaufenen Pflaster, das dem Abstieg Geschwindigkeit verleiht. Ein öffentlicher Fahrstuhl, den man nach zufälligem Herumstreifen endlich entdeckt, kann den langen, gewundenen Aufstiegsweg verkürzen. Die Beine danken es.

Wenn man all die Bilder, die sich einstellen, an sich vorbeiziehen lässt, muss man unbedingt auch von den berühmten roten oder gelben Straßenbahnen sprechen, die wie seiltänzerische Spinnen an ihren Stromabnehmern hängen und sich auf ihren Schienen durch die geschlungenen Gassen mühen. Jedes ihrer Fenster gibt dem frohen Gesicht eines Besuchers einen Rahmen, stellt ihn in perfekter Reihe neben den nächsten und schalkhaft entsteht das Bild eines Marionettentheaters. Das Verkehrsbild bestimmen auch schwarz-grüne Taxis und in langer Prozession Dreiräder, Lissaboner Verwandte der asiatischen Tuk-tuks, die auf der Suche nach touristischen Emotionen und vorprogrammierten Entdeckungen in großer Zahl durch das Labyrint der volkstümlichen Viertel streifen. Still fahren sie an heruntergekommenen Fassaden alter Wohnhäuser vorbei, deren Azuleiros sich zum Teil schon lösen und deren schmiedeeiserne Balkongeländer schon Rost angesetzt haben. Graffitis und Tags machen sich auf dachlosen Ruinen alter Gebäude ohne Türrahmen breit.

In Erinnerung sind aber auch beeindruckende Bauwerke, die zu besichtigen die Zeit fehlt, oder das nüchtern weiß-schwarze Mosaik des Pflasters, das Gehsteige und Plätze schmückt und dessen spiegelnder Glanz bei Einbruch der Nacht den Eindruck erweckt, es hätte geregnet. Für die Liebhaber guter Küche sei auch an die Fischrestaurants erinnert, an gegrillten Fisch, die legendären Sardinen, den mit allen Saucen Portugals marinierten Kabeljau oder an die Pasteis de natas, jene Cremetörtchen, echte Spezialitäten einer jeden Konditorei der Stadt. In Lissabon, das steht fest, steigt man hoch oder man steigt runter und man läuft sich die Sohlen ab. Aber am Ende einer solchen Wanderung drängt sich nur eine Frage auf: Wie sollte man Lissabon nicht lieben?

Dieselbe Frage stellt sich auch für das Theater Taborda. Wie sollte man dieses unglaubliche Theater hoch am Hang nicht lieben, dessen Glasfronten sich über vier Etagen auf den Ebenen der Cafeteria und der Versammlungssäle auf das unerwartete Panorama der Altstadt hin öffnen? Wie nicht den Empfang genießen, den Maria und Carolina uns bereiten? Nach Pristina, Sofia und Istanbul freuen wir uns über das Wiedersehen und darüber, dass die Dinge sich gut entwickeln. Dass die geduldig zusammengeführten Energien (fast) ohne äußere finanzielle Unterstützung und unabhängig von den Institutionen ein wirkliches Netzwerk über die Grenzen hinweg aufbauen.
Donnerstag, 21. September

Gehen wir drei Tage zurück. Alles fängt im Aerobus an, ich treffe Jeton, den Koordinator des albanischen Komitees. Der Zufall wollte, dass wir im selben Flugzeug saßen und die Freundschaft, dass wir den weiteren Weg zusammen zurücklegten. Wir sind also im Aerobus, dem Flughafenshuttle, und entdecken ein modernes Stadtbild, das nichts mit den oben beschriebenen Bildern zu tun hat. Es ist beinahe 17 Uhr und wir werden wohl zu spät beim ersten Treffen der Hauptversammlung eintreffen. Vorher müssen wir ja noch das Hotel ausfindig machen, die Hotelformalitäten erledigen, unsere Koffer abstellen und mit Hilfe eines freundlichen Portiers ein Taxi finden. Dies nimmt uns durch ein mehr oder weniger steiles Straßenlabyrint mit, setzt uns ab und nun stehen wir etwas verloren vor der Tür eines Gebäudes, das auf den ersten Blick nicht wie ein Theater aussieht.

Die Versammlung hat vor geraumer Zeit begonnen und jetzt ist gerade Pause. Deshalb haben sich alle Teilnehmer in die zwei Etagen tiefer gelegene Cafeteria begeben. Tee, Kaffee, Gebäck, Korbsessel, Raucherterrasse und Begrüßungen. Die einfache Freude des Sich-in-den-Arm-Nehmens und des Begrüßungslächelns. Dominique ist natürlich da, der Koordinator des Gesamtnetzwerks, unsere portugiesischen Gastgeberinnen Maria und Caroline und die Vertreter mehrerer Sprachenkomitees, die ich vielleicht nicht alle aufzählen kann: Wolfgang, Nicole und Henning vom deutschsprachigen Komitee, Frédéric vom italienischen, Hakan, unser Gastgeber des letzten Jahres in Istanbul, Lilach und Nohar vom hebräischen Komitee, Sarah vom englischen, Gergana und Vasilena vom bulgarischen, Amin vom arabischen und Tiana, die neue Koordinatorin des BCMS-Komitees… bestimmt habe ich jemanden vergessen. Nur Ulrike und Anna scheinen zu fehlen, sie kommen später.

Nach der Pause wird die Versammlung im großen und hellen Versammlungsraum fortgesetzt. Es geht darum, in knapper Form die in jedem Komitee gewählten drei Stücke des letzten Durchgangs vorzustellen. Jedes Komitee hat dafür fünf Minuten Zeit, es gibt zudem eine schriftliche Zusammenfassung. Auch die Auswahlmethoden sollen beschrieben, die Kriterien und eventuellen Schwierigkeiten erläutert werden. Natürlich reichen manchmal die fünf Minuten nicht oder es kommen auch Fragen auf… Dennoch zieht sich die Versammlung nicht in die Länge, denn das Abendprogramm zwingt zur Einhaltung der Zeiten.

Zunächst erwartet uns ein Willkommensbuffet in der Cafeteria. Hier kann man mit Freunden über mehr oder weniger wichtige Themen plaudern, vielleicht mehr als nötig den portugiesischen Weißwein genießen und sich durch die Fenster vom Stadtpanorama verzaubern lassen, in dem wir trotz Anstrengung unseren Weg hierher nicht sicher ausmachen können. Dann folgt in einem Saal der oberen Etage eine öffentliche Lesung. Drei Schauspielerinnen, darunter Maria, stellen Cindirella vor, ein bulgarisches Stück von Gergana in der portugiesischen Übersetzung. Es fällt nicht leicht, dem fremden Sprachfluss zu folgen, aber die Energie der drei Vorleserinnen vermittelt Emotionen, zumal sie einige Requisiten einsetzen, die der Lesung einen spielerischen Charakter verleihen und auch vom Tisch aufstehen und dem Publikum Fotos von Frauengestalten zeigen. Die Sprachmelodie tut dem Ohr gut. Und obwohl man nicht wirklich etwas versteht, lässt man sich ohne Langeweile oder Bedauern gerne verführen.

Nach der Lektüre warten wir auf ein Taxi, das uns zum Hotel bringen soll, und da spricht uns ein junger Mann auf Französisch an: „Haben Sie etwas verstanden?“ Unsere Antwort überrascht ihn nicht und wir kommen ins Gespräch. Der junge Mann aus der Ukraine bereitet sich an der Lissaboner Universität auf seine Masterprüfung als Übersetzer vor. Lange Jahre seiner Kindheit hat er in Angola verbracht und hat dort dort das französische Gymnasium besucht, daher seine Kenntnis der drei Sprachen. Da er mit dem Auto des Vaters hierhergekommen ist, schlägt er uns freundlich vor, uns zum Hotel zurückzufahren. Und so erleben wir mit Hilfe seines Navis unsere erste nächtliche Spazierfahrt durch Lissabon.

 

Freitag, 22. September

Wir sind früh aufgestanden, uns erwartet ein langer Arbeitstag. Im Frühstücksraum im zweiten Untergeschoss des Hotels haben sich die Eurodram-KoordinatorInnen an zwei oder drei Tischen eingefunden und nicht alle Gespräche sind rein professioneller Art. Der Raum ist überfüllt mit Touristen in Shorts und Sommerkleidung, das ständige Hin und Her der Kellner und das vielfältige Angebot in den gekühlten Vitrinen laden ein, uns einen kurzen Augenblick der Entspannung zu gönnen.

Weil wir ein bisschen Luft schnappen und die Stadt erfahren wollen, beschließen Frédéric und ich, zu Fuß zum Theater zu gehen. Eine gute halbe Stunde Gehzeit, wir gehen die Avenue de la Liberté in ihrer ganzen Länge hinunter.

Auf dem Platz des Restauradores treffen wir Henning und seine Frau, die gerade aus einer Metrostation kommen. Aufs Geratewohl biegen wir in eines der kleinen Treppengässchen, die zum Castelo hochführen. Dieses Mal erscheint mir der Fußweg sehr viel einfacher als der von gestern, bei dem ich ganz die Orientierung verloren hatte.

Das erste Treffen am Morgen um 10 Uhr findet wieder im Raum von gestern statt. Heute geht es darum, wie die einzelnen Komitees arbeiten, was erreicht wurde und was nicht, um unterschiedliche Probleme, um Projekte und Erwartungen. Eine notwendige Bestandsaufnahme. Sie mündet in eine lange Diskussion darüber, was jedes Komitee tun muss und um die Möglichkeiten, sich im Netzwerk gegenseitig zu helfen.

Verspätete Mittagspause. Wolfgang hat ein kleines Restaurant im Barrio Alto ungefähr zwanzig Minuten zu Fuß vom Theater entdeckt und schlägt uns vor, uns hinzuführen. Er erklärt es uns so überzeugend, dass Frédéric und ich Lust haben, mitzugehen, obwohl wir wenig Zeit haben. Wir bedauern es nicht. Die Gaststätte ist eines jener unaufdringlichen Speiselokale, in dem nur Bewohner des Viertels, Arbeiter und Angestellte essen, und das Angebot ist reichhaltig und authentisch. Das Preis-Leistungsverhältnis ist unschlagbar günstig und hier spüren wir wirklich, dass wir in einem anderen Land sind. Mit vollem Bauch marschieren wir zügig zum Theater zurück und dieses Mal ist der öffentliche Aufzug sehr willkommen.

Den ganzen Nachmittag setzen wir den Meinungsaustausch fort, aber wir wissen, dass wir den Raum um 19 Uhr für eine weitere Lesung verlassen müssen. Wir fassen uns kürzer, sind aber nicht weniger produktiv. Es geht hauptsächlich darum, wie wir das Netzwerk effektiver gestalten und ausweiten können: neue Komitees bilden, Austausch und Übersetzungen fördern, sich mehr um die weniger aktiven Komitees kümmern…

Meine Fähigkeit, all den Diskussionen auf Englisch aufmerksam zu folgen, sind jetzt doch stark in Mitleidenschaft gezogen und Viviane, die mich in der Cafeteria am Tresen erwartet, und ich beschließen, den Abend für uns zu nutzen und am Tejo entlangzuspazieren, auch wenn uns dort vielleicht einer der Werber für ein Restaurant abfängt. Und genau dies geschieht auch.

In der milden Nacht Lissabons gehen wir zurück zum Hotel. Auf dem Platz Rossio wird vor der Quelle und den schönen, beleuchteten Satuen eine Modenschau aufgebaut und am Teatro National Dona Maria kündigt ein Plakat die Aufführung von König Lear an.

Samstag, 23. September

Bei einem kurzen Gespräch in einem kleinen Bistrot gegenüber dem Theater sage ich Dominique und Ulrike, dass ich an der Besprechung am Morgen über Finanzangelegenheiten nicht teilnehmen werde, weil ich unter vier Augen mit Amin sprechen möchte, der bei der Organisation seines arabischen Komitees einige Schwierigkeiten bewältigen muss. Amin nimmt die Einladung an und wir treffen uns in der Cafeteria. Wir versuchen herauszufinden, wie ich ihm helfen kann, wie wir in einigen Punkten Klarheit bekommen können und ich sogar versuchen könnte, arabischsprachige Texte zu finden. Die Hauptschwierigkeit liegt darin, dass viele Autoren aus dem Maghreb immer noch in französischer Sprache schreiben um ein größeres Publikum zu erreichen und die Zensur zu umgehen, die in ihren Ländern häufig eine Behinderung darstellt. Unser Gespräch ist offen und heiter, man spürt nicht die Spannungen, die immer wieder bei der generellen Aussprache auftreten.
Dieses Mal ist die Mittagspause wirklich zu kurz, um noch einmal in unserer Arbeiterkantine im Barrio Alto zu Mittag zu essen und viele von uns entscheiden sich für das nächstgelegene Restaurant mit internationaler Bioküche. Zitronensaft und heißes Tabulé, Bedienung in Zeitlupe, etwas zurückhaltende, aber doch entspannte Stimmung. Ganz anders als die geschäftige Belebtheit des Vortages.

Die letzte Arbeitssitzung am Nachmittag befasst sich mit der nächsten Hauptversammlung, die auf Einladung von Lillah und dem hebräischen Komitee in Tel Aviv stattfinden soll. Und dann, vor einem Vortrag auf portugiesisch und englisch über Theaterübersetzung, der traditionelle Fototermin auf der Terrasse. Das Lächeln und die Gesichter spiegeln die allgemeine Zufriedenheit und die Freude der Mitglieder über die Fortschritte des Eurodram-Netzwerkes.

Dann schlendere ich noch einmal durch das Viertel um noch einige Bilder für diese Chronik einzufangen. Die frische Luft des anbrechenden Abends weht unter den Bäumen an den hohen Burgmauern und den Kaffeeaussichtsterrassen in den milden Strahlen der untergehenden Sonne und alle Sprachen vermischen sich in der Trunkenheit entweder eines Vino verde oder einer lokalen Biermarke. Unten auf dem Tejo ertönt das Nebelhorn eines Kreuzfahrtschiffes und ruft seine Passagiere zurück an Bord. Unser kleine Touristenrunde findet ihr Ende vor einem Teller mit gegrilltem Kabeljau bei romatischem Sonnenuntergangspanorama im Restaurant Chapitô.
Der Abend geht weiter mit der Aufführung des Schauspiels Ella diz durch das Teatro da Garagem. Entscheidungsdialoge zwischen Mutter und Tochter. Die Titelüberschriften beschwören eine herb metaphysische Atmosphäre vor dem Hintergrund des Todes der Mutter. Ich weiß nicht warum, aber ich muss an Nathalie Sarraute denken. Eher aber noch an Marguerite Duras wegen der Wiederholung der Einbettung „Sie sagt“ bei jeder Aussage.

Zum Hotel geht es wieder zu Fuß zurück in Begleitung Sarahs, der englischen Koordinatorin.

 

Gilles Boulan

Übersetzung: Wolfgang Barth

 

EURODRAM MODE D’EMPLOI

PRESENTATION ET MODE D’EMPLOI ★EURODRAM

LES OBJECTIFS

Eurodram est un réseau européen de traduction théâtrale. Il travaille avec les langues d’Europe, d’Asie centrale et de la Méditerranée. Son objectif principal est de faire connaître aux professionnels et aux publics du théâtre des œuvres restant majoritairement inédites, en prêtant une attention particulière à la diversité linguistique.

LES COMITES

Le réseau est organisé en une trentaine de comités linguistiques de lecture répartis par langues, soit environ 300 membres correspondants. Toute personne compétente en matière de théâtre et de traduction et désireuse de mutualiser ses ressources peut candidater pour rejoindre un comité. Cette adhésion est ratifiée selon des procédures propres à chacun des comités – en général très simples. Toute suggestion de nouveau membre est bienvenue. Le réseau tâche de favoriser l’équilibre et la représentativité des comités entre hommes / femmes, émergents / expérimentés, théoriciens / praticiens, indépendants / institutionnels, résidents locaux ou membres de la diaspora, etc. Il est souhaitable que les principaux éditeurs du théâtre local, des membres des concours nationaux de dramaturgie ou des festivals concernant la dramaturgie nationale, ainsi que des représentants des unions des dramaturges, fassent partie de chacun des comités. Chaque membre a pour mission de favoriser la collection et la circulation de textes au sein de son comité, notamment en en faisant la promotion auprès des auteurs, traducteurs, éditeurs, agents et organisations d’auteurs. Il s’engage à en collecter, en transmettre et à en lire autant que possible. Les plus disponibles et passionnés s’engagent à être capable de faire un bref retour de lecture (anonyme, via les coordinations) en cas de demande de l’auteur.

LA COORDINATION

Chaque comité est coordonné par un de ses membres, selon des modalités propres à chacun des comités. Le coordinateur doit s’assurer que les objectifs du réseau sont bien compris par les membres de son comité. Il s’efforce de collecter et de mettre en circulation le plus grand nombre de textes possibles ; de recruter de nouveaux membres, notamment parmi les traducteurs, et d’assurer un certain renouvellement du comité ; d’organiser les échanges, les réunions de préparation et les votes relatifs aux sélections. Il s’assure que les résultats soient transmis à temps à la coordination générale, accompagnés des éléments requis (biographie, résumé, extrait…). Il tâche enfin de faire la promotion de la sélection de son comité, au minimum par la rédaction et la diffusion d’un communiqué de presse, ainsi que, dans la mesure du possible, des sélections des autres comités. Les coordinateurs sont invités à participer au festival « l’Europe des théâtres » en organisant un évènement, ainsi qu’à être présent à l’assemblée générale annuelle. Si nécessaire la MEO peut accompagner le coordinateur dans sa recherche de financement pour ses frais de transport et de séjour. La coordination générale est assurée par la MEO, sans que cela ait un caractère définitif.

LES TEXTES

Les textes peuvent être proposés par tous : auteurs, traducteurs, éditeurs, agents, etc. Pour les textes originaux, les propositions doivent comporter le texte original complet, une brève biographie de l’auteur, une fiche technique (date et lieu d’écriture, nombre de personnages, références des distinctions et exploitations précédentes) ainsi que tout élément d’information complémentaire jugé intéressant. En ce qui concerne les textes originaux écrits en français, seuls peuvent être proposés les textes ayant déjà fait l’objet d’une sélection par un comité de lecture professionnel, ou encore sur recommandation d’un membre du comité français. Pour les traductions, les propositions doivent comporter la traduction intégrale ou en extrait (en général 1/5ème de l’œuvre), un résumé analytique de l’œuvre, une brève biographie de l’auteur, une fiche technique (date et lieu d’écriture, nombre de personnages, références des distinctions et exploitations précédentes) ainsi que tout élément d’information complémentaire jugé intéressant. Il est évidemment indispensable d’indiquer la langue originale et le nom du traducteur. Les propositions doivent être faites exclusivement par email en format pdf à l’adresse de la coordination du comité concerné ou à défaut à la coordination générale à l’adresse documentation@sildav.org. . Les textes sont transmis aux comités selon la langue dans laquelle est faite la proposition. Par exemple, un texte écrit en macédonien sera transmis au comité macédonien. La proposition de traduction de ce texte en lituanien sera transmise au comité lituanien. La langue du texte est la principale référence, en théorie sans distinction de la nationalité ni du lieu de résidence de l’auteur. Cependant, le réseau n’a pas vocation à traiter les textes issus de régions hors de la zone Europe / Méditerranée / Asie centrale. Quoi qu’il en soit, les propositions peuvent être étudiées au cas par cas, en liaison avec le comité concerné. Sauf exception motivée, ne sont acceptées que les oeuvres récentes. Les textes doivent être adressés directement au coordinateur du comité concerné, ou à la coordination générale en cas de besoin.

LES SELECTIONS

Chaque comité d’Eurodram établit deux sélections sur deux ans, de manière biennale donc, d’un maximum de trois textes chacune. Il ne peut pas y avoir plusieurs textes d’un même auteur dans la sélection. Il s’agit : – années paires : sélection des œuvres dramatiques de leur langue à traduire dans une autre langue européenne (ex-traduction) ; – années impaires : sélection des œuvres dramatiques d’autres langues européennes à traduire dans leur propre langue (in-traduction).

REPONSES

Par manque de moyens, les auteurs des propositions ne sont recontactés personnellement que dans le cas d’une réponse positive. Les résultats sont mis en ligne dans les semaines qui suivent la décision. Chaque auteur peut demander des retours de lecture. Il est souhaitable que ceux-ci puissent lui être transmis, de manière anonyme. Environ 300 textes circulent chaque année sur l’ensemble du réseau. Les textes soumis au comité français sont lus par une moyenne d’une dizaine de lecteurs.

LA SUITE

Ces sélections ne donnent (malheureusement) pas lieu à une rémunération. La sélection d’un texte original est une invitation aux traducteurs de sa langue à se lancer dans sa traduction. La sélection d’une traduction en extrait est une invitation au traducteur à la poursuivre. La sélection d’une traduction intégrale est une invitation aux metteurs en scènes et aux éditeurs à l’exploiter. Le réseau travaille en partenariat avec de nombreuses structures, ce qui lui permet de s’inscrire dans une dynamique de résidence d’auteurs, d’accompagnement des traducteurs et de recherches de partenariats au plan international.

Coordination générale : documentation@sildav.org