Autres pièces remarquées 2017

 

AU DEBUT ET A LA FIN DES TEMPS

PAVLO ARIE

Pièce en 12 scènes

Ecrite en 2013 en Ukraine

Titre original На початку і наприкінці часів

Publiée dans sa langue d’origine au sein du recueil de 3 pièces de l’auteur intitulé « Baba Prissia et autres personnages » (Баба Пріся та інші герої), Discursus, 2015

Elle a fait l’objet de plusieurs créations en Ukraine et en Russie

Traduite de l’ukrainien par Aleksi Nortyl et Iulia Nosar (2015) et publiée dans l’Anthologie De Tchernobyl à la Crimée aux Editions L’Espace d’un instant (2016)

La pièce

Baba Prissia, 86 ans, n’a jamais voulu quitter la zone interdite. Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, elle y demeure toujours en compagnie de sa fille et de son petit fils légerement attardé mental. Elle y survit grâce aux produits de son potager, aux fruits de ses cueillettes et de ses petits braconnages ainsi que des rares ravitaillements qui l’obligent à quitter la zone. Elle ne reçoit que les visites, plus ou moins régulières, de l’ilôtier qui aimerait la faire déguerpir pour laisser le champ libre à une exploitation plus ou moins clandestine et plus ou moins légale (organisation d’un tourisme de masse, parties de chasse entre notables…

L’obstination de Baba Prissia de rester dans la zone au prix d’une existence isolée et hostile tient au fait de son âge et de sa propre histoire quand elle était la Partisane. Ni les bolchevicks, ni les Allemands n’ont pu la chasser de chez elle et guerisseuse, Baba Prissia connaît tous les secrets de la zone interdite : les vertus curatives des plantes, le langage des silures, le message des ondines. Peut-être même connaît-elle l’accés du métro secret creusé par Gorbatchov avec la complicité des petits hommes bleus ?

En faisant de la zone interdite, une sorte de forêt magique que se disputent les créatures ancestrales et les ambitions politiques contradictoires des gouvernants, Pavlo Arie enrichit la légende dont s’entourent les espaces désertés par les hommes. Ces no men’s land où la nature et le surnaturel reprennent rapidement leurs droits, alimentant d’autres histoires, d’autres fantasmes, d’autres rumeurs.

Une pièce profonde et riche à la fois naturaliste et fantastique qui peint le beau portrait d’une vieille femme dont la rusticité ne voile pas les élans du cœur. Entre conte de fée d’aujourdhui et dénonciation politique.

L’auteur

Pavlo Arie est un dramaturge ukrainien, metteur en scène, artiste conceptuel, traducteur de l’allemand et du polonais. Il est né en 1975 à Lviv en Ukraine. Pavlo est l’auteur de plus d’une douzaine de pièces ayant fait l’objet de nombreuses publications, notamment sous forme d’ouvrages individuels. Elles ont été traduites en allemand, anglais, russe, polonais, tchèque, slovaque et français. Certaines d’entre elles ont été mises en scène, ou présentées au sein de festivals tels que la Biennale « Nouvelles pièces d’Europe 2010 » à Wiesbaden (Allemagne), « Drama UA », « Kurbalesiya » (Ukraine), « New writing with Royal Court 2012 », « Konfrontation Festival » (2014, Lublin, Pologne), etc. En 2011, Pavlo Arie est lauréat du plus important concours littéraire d’Ukraine, le « Couronnement de la parole ». Depuis 2011, il collabore au programme international du Royal Court Theatre (Londres). Toujours en 2011, il est nommé curateur au workshop international et festival « Drabyna » (Ukraine). En 2012, il devient curateur du concours annuel de drame ukrainien moderne « Drama.UA ». En 2013, le prix de la meilleure pièce ukrainienne à thème historique lui est décerné par l’Université Chevtchenko (Kyïv). Il a reçu une bourse de l’Institut Goethe, et a compté parmi les participants du Forum international du « Theatertreffens » à Berlin. En 2014, il reçoit une bourse et participe à la Plate-forme des arts de la scène est-européenne.

 

 

ANTARCTIQUE

CHRISTINA KETTERING

 

Pièce écrite en 2014

Titre original « Antarktis »

création en 2015 à Hambourg, au Sprechwerk

Traduite de l’allemand par Katharina Stalder en 2016

Inédite en français

La pièce

Werner, ancien explorateur polaire, est affecté par la maladie d’Alzheimer. Sa fille Nina est inscrite dans un réseau d’échange de données confidentielles biographiques et biométriques.

Où il est question de mémoire, les temps comme les lieux se confondent. Dans la mémoire défaillante de Werner encombrée d’images blanches de paysages polaires, un seul souvenir semble occulter les autres : celui d’un pas de danse maladroit sur la glace avec son épouse Nadja elle-même scientifique au sein d’une mission Antarctique et décédée depuis des années. Un pas de danse glissant métaphorique de la réunification de l’Allemagne.

Face à cette mémoire sensible et incarnée, celles de Nina et de son amant rencontré sur internet est saturée de toutes les données enregistrables possibles ( données biographiques et biométriques …) dans l’illusion d’une captation exhaustive de leurs propres existences. Alors que la vie fuit la conscience de Werner condamnant sa propre fille à le prendre en charge comme un enfant.

Un texte fort et d’une indiscutable modernité. Une construction très maîtrisée, une économie de langage, un propos riche en questions diverses sur le monde d’aujourd’hui et de demain.

L’auteure

Christina Kettering, née en 1980, a étudié de 2000 à 2005 au Deutsches Literaturinstitut à Leipzig. Ensuite elle a organisé des lectures et événements à Cologne, a travaillé comme dramaturge pour des troupes indépendantes et a développé des performances dans l’espace public à Berlin. Depuis 2008, elle vit à Berlin, où elle travaille comme dramaturge free-lance pour la compagnie jeune public akrena. Depuis 2012, elle anime des stages pour l’association Mitspielgelegenheit e.V. D’autres pièces de Christina Kettering sont « Der Gast » (2004), « Josefines Besuch » (2006), « Lost in the Supermarket » (2010) et la pièce jeune public « Los Lilli, hex! » (2007). Elle est représentée par le Drei Masken Verlag à Munich.

La traductrice

Katharina Stalder, née en 1974, est metteuse en scène, traductrice, chercheuse et pédagogue de théâtre. Elle a traduit des pièces de Christina Kettering, Andreas Liebmann, Klaus Mann, Maxi Obexer, Soeren Voima et Philippe Weiss et est membre des comités de langue allemande de la Maison Antoine Vitez et d’Eurodram. En tant que metteuse en scène elle a mis en scène et en lecture des textes d’auteur·e·s comme Samuel Beckett, Edward Bond, Anne Bourrel, Gérald Chevrolet, Dario Fo, Claudine Galea, Bernard-Marie Koltès, Carlos Liscano, Gherasim Luca, Jean-Charles Massera, Pascal Nordmann, Jean-Yves Picq, Robert Pinget, Rodrigo de Roure, Gisèle Sallin, Anne-Lou Steininger, Matéi Visniec, etc. Depuis 2011, elle est référente artistique de la compagnie L’ambiguË à Montpellier. Elle a aussi travaillé comme assistante à la mise en scène et actrice en France, en Suisse et aux États-Unis. Elle est doctorante à l’ENS-rue d’Ulm et écrit sa thèse sur la formation à la mise en scène dans les pays germanophones et francophones et, en parallèle, elle enseigne le théâtre au Conservatoire de Carcassonne.

 

NERIUM PARK

JOSEP MARIA MIRO

Thriller social en 11 mois

Pièce écrite en 2013

Traduit du catalan par Laurent Gallardo

La pièce a été mise en espace par Véronique Bellegarde au Théâtre des Halles d’Avignon (2015)

La pièce

Un jeune couple de cadre emménage dans une nouvelle résidence loin de la ville. L’appartement est neuf, spacieux, la résidence très calme dotée d’un parc et d’une piscine. Ici, ils pourront être heureux et mettre au monde leur enfant. Mais ce bonheur n’est qu’apparent, l’homme perd son emploi et le fantôme d’un Sdf vient s’ immiscer dans leur vie de couple.

Mois après mois, le récit de l’effondrement d’une illusion. Intrigue savamment menée, sans éclat ni coup de théâtre comme une démonstration politique.

L’auteur

uteur et metteur en scène. Diplômé en mise en scène et dramaturgie (Institut du Théâtre, Barcelone), il est aussi journaliste de formation (Université Autonome de Barcelone). Il est l’auteur de plusieurs textes, dont Le Principe d’Archimède (2011), Gang Bang (Ouvert jusqu’à l’heure de l’Angelus) (2011, en résidence au Théâtre National de Catalogne), Fumer (2013, Théâtre National de Catalogne) et plus récemment La traversée (2016, Comedia Nacional, Uruguay). Il a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles les prestigieux Prix Born (en 2009 et 2011) et Prix Frederic Roda (2015).Ses pièces ont été traduites dans plusieurs langues et jouées dans de nombreux pays (France, Allemagne, Argentine, Etats-Unis, etc.). Il a également participé à de nombreux échanges internationaux, notamment avec Théâtre Ouvert (Paris) et le Centre des metteurs en scènes et des dramaturges de Moscou. En 2013, il a été auteur résident à l’Ecole multidisciplinaire des Arts scéniques de Montevideo (Uruguay).
A propos de son oeuvre, le traducteur Laurent Gallardo écrit : « Avant de s’adonner à l’écriture dramatique, Josep Maria Miró a longtemps travaillé en tant que journaliste. Aujourd’hui, il a pris ses distances avec sa vocation première, mais le regard qu’il porte sur le monde reste celui d’un observateur en quête de vérité. Si son oeuvre a souvent été considérée comme polémique, c’est précisément qu’elle s’inspire de la réalité environnante dans le but de susciter le débat.

Cet engagement, qui est la raison même de son rapport au théâtre, rejaillit au niveau de l’écriture, dans une recherche formelle qui tend à rendre compte de la complexité du monde. Ainsi, dès ses débuts, il refuse un théâtre de la péripétie, parfaitement lisse et sans plis qui, sous couvert de modernité, ne fait que renouer avec les vieilles lunes du théâtre bourgeois. Les pièces de Josep Maria Miró désorientent, déroutent, inquiètent ; elles ouvrent sur un horizon nouveau où les choses telles que- nous les voyons semblent acquérir soudain une complexité qui brouille peu à peu les perspectives. De ce trouble si particulier dont l’espoir est à lui seul une des rares raisons d’aller encore au théâtre, l’œuvre de Miró constitue l’une des plus belles cristallisations. Mais quelle est sa force véritable ? Comment le doute y est-il transformé en projectile ? Et à la vitesse dont on ne revient pas, en projectile qui déchiquette les idées reçues, abat les lieux communs et pétrifie la morale, pour venir donner de plein fouet dans ce qu’on appelle le théâtre ».

Le traducteur

Laurent Gallardo est Maître de conférences en études hispaniques à l’Université Grenoble Alpes et fait partie des comités de lecture espagnol et catalan de la Maison Antoine Vitez. Il a traduit de nombreux auteurs, notamment Lluïsa Cunillé, Victoria Szpunberg et Josep Maria Miró. Il a également participé à une anthologie d’auteurs catalans (Nouvelles de Catalogne, 2010) et traduit divers récits et romans, parmi lesquels Contes russes de Francesc Serés (2012, Éditions Jacqueline Chambon) et Bouclage à Barcelone (2014, Éditions Liana Levi). Également critique littéraire, il a publié un long essai sur le théâtre catalan dans la revue Europe (mars 2013). 

 

TES HEROS, MES REVES

KAREN KOHLER

 

Monologue en 10 rounds pour théâtre en salle de cours

1 homme

20 pages

Texte traduit de l’allemand par Nicole Desjardins 2016

Titre original Deine Helden, meine Traüme

Pièce créée en 2013 au Théâtre National de Weimar.

Le texte est édité chez : Verlag für Kindertheater Weitendorf GmbH (Edition théâtrales Jeune Public) Hambourg

 

La pièce

Un jeune homme se présente dans l’école qu’il a fréquentée lorsqu’il était adolescent afin de récupérer une lettre qu’il y avait laissée, scotchée sous son pupitre.

Une confession à la fois roublarde et sincère sur les erreurs de la jeunesse et les dérives d’un adolescent qui par jalousie, se laisse entraîné dans l’abjection raciste et fasciste au prix de la trahison d’un ami. Théâtre à projet éducatif utilisant avec habileté un dispositif de théâtre en classe. Texte vivant autour d’un phénomène inquiétant : le retour des idéologie d’extrême droite en Allemagne.

L’auteure

Karen Köhler étudie à Bern à l’Ecole Supérieure de musique et théâtre. Elle est comédienne jusqu’à son retour à Hambourg en 2008 où elle commence une carrière d’autrice et illustratrice et d’artiste performeuse. « Je voulais être cosmonaute, j’ai fait du saut en parachute et étudié le théâtre. Après avoir été comédienne pendant quelques années, j’écris à présent de la prose et des pièces de théâtre. J’aime les maths et l’espace et j’habite Hambourg.

  • Prix de littérature de la ville de Aalen 2015
  • Prix Rauris 2015
  • Prix Otfried Preußler théâtre jeune public 2013
  • Prix de littérature de la ville de Hamburg 2011
  • Distinction « Pornorama. Un conte pour les hommes » décernée par la ministère autrichien de l’art et de la culture.

Bourses :

  • 2016 – Amsterdam, Fondation littérature Pays-Bas
  • 2015 – Tirana, Albanien (invitée par le consulat allemand/ POETEKA)
  • 2015 – Résidence Goethe-Institut, Reykjavik, Islande
  • 2014 – Théâtre Jeune Public, Baden-Württemberg
  • 2013 – Résidences Danemark, Hamburg

Bibliographie:

  • « Lui, elle, ça » : Théâtre de Baden-Würtemberg (2016)
  • « Trois héros, Ville, Pays, Rêve » : Théâtre National Weimar (2015)
  • « Héros ou pourquoi je porte un costume vert et je lutte contre la merde du monde » : Théâtre National de Weimar (2014)
  • « Tes héros-Mes rêves » : Théâtre National de Weimar (2013)
  • « Ramayana. Une tentative héroïque (2013)
  • « Comment j’ai eu une illumination sous un platane, pourquoi ce n’est pas cool de mourir et pourquoi manger le pain de sa grand-mère vous rend heureux » (2012)
  • « Pornorama. Un conte pour les hommes » (2010)
  • « On a pêché des fusées » Contes. Hanser, Munich (2014)
  • La traductrice
    • Nicole Desjardins
    • Comédienne, metteur en scène. Chant, danse, mime. (Membre AAFA et SNMS)
    • Directrice artistique de la Compagnie Vue sur Jardin
    • http://www.cievuesurjardin.com/
    • Réalisatrice et scénariste (courts-métrages)
    • Autrice (Membre Eat, Eurodram).
    • De mère autrichienne, traductrice de l’allemand

     

 

ANGRY BIRDS

BASSA DJANIKASHVILI

 Pièce en deux actes

Ecrite en 2013

Traduit du georgien par Gery Clappier, Maia Kiasiashvili et Clara Schwartzenberg (traduction en cours

Lecture publique par le Théâtre Arnold, mise en scéne Clara Schwartzenberg

 La pièce

Angry birds est le nom d’un jeu vidéo dans lequel les joueurs manipulent les personnages pour leur faire accomplir des actes de violence. Ces deux adolescents désabusés, Khatuna et Ghio, pratiquent ce jeu en cachette sachant que leurs parents de religions opposées n’approuveraient pas leur relation. Eux-mêmes manipulés par une éducation assez intransigeante et peu intéressés par les questions religueuses qui enveniment la vie de leur village, ils font un jeu de manipuler leurs pères et de les transformer en terroristes.

Pièce choc d’un jeune auteur géorgien à l’ironie cinglante. Angry Birds traite de la confrontation de deux religions, de deux cultures à travers l’histoire de Gio et de Kathina, Roméo et Juliette des temps modernes qui assistent à la montée de la haine entre leurs parents, qui étaient jadis de proches amis.

Le Théâtre National de Soukhoumi est une compagnie fondée il y a 130 ans en Abkhazie. Depuis la guerre qui opposa les séparatistes abkhazes et l’armée russe à l’armée géorgienne, la troupe de comédiens est réfugiée à Tbilissi, capitale de la Géorgie. Elle y poursuit tant bien que mal depuis 20 ans son activité.

 

COMMENT RETENIR SA RESPIRATION

ZINNIE HARRIS

 La pièce a été écrite en 2014, avec travail de réécriture pendant les répétitions

Créée au Royal Court en février/mars 2015 par Vicky Featherstone :

Publication chez Faber & Faber en février 2015.

Traduction française par Blandine Pélissier en 2015.

Pour tous droits de représentation :

Agence littéraire : Marie Cécile Renauld, 11 rue Le Regrattier -75004 PARIS  tél : +33 1 44 56 07 17 – fax : +33 1 44 56 07 18 –  info@paris-mcr.com

 

La piece

Dystopie d’un monde en perdition. Dana, chercheuse berlinoise sur la Dynamique du Client (théorie sur les relations clients-entreprise), passe une folle nuit d’amour avec Jarron, rencontré dans un bar, qui, au réveil, prétend la payer. Blessée d’être prise pour une prostituée et de s’être trompée sur ce qu’elle pensait être un coup de foudre mutuel, elle refuse. Non-transaction originelle qui deviendra un enjeu tout au long de la pièce. L’homme se présente alors comme un diable mais aussi comme travaillant pour l’ONU. Il ira (apparemment) jusqu’à orchestrer l’effondrement social et économique de l’Europe pour punir Dana de l’avoir déstabilisé.

Dana part avec Jasmine, sa sœur enceinte, pour Alexandrie où elle doit faire une présentation afin d’obtenir une bourse d’études interuniversitaire. Elle est suivie au long de leur périple par un étrange bibliothécaire toujours prêt à lui fournir des guides pratiques répondant à toutes les situations qui se présentent. En un weekend, l’Europe bascule, et elles se retrouvent confrontées à la fermeture des banques puis des frontières. Dana devra se prostituer pour payer leur traversée vers Alexandrie, devenue ville de cocagne, dans un bateau surchargé de réfugiés de l’ex-zone Euro. L’embarcation fait naufrage, Jasmine se noie. Mais lorsque le corps de Dana est tiré hors de l’eau, le diable décide de la faire vivre puisqu’elle a maintenant conscience de la réalité d’un monde qu’elle ignorait, engluée qu’elle était dans ses problématiques de jeune bourgeoise occidentale. A quel diable vendons-nous notre âme ?

Zinnie Harris

Née en 1973, Zinnie Harris fait d’abord des études de zoologie puis de mise en scène et de dramaturgie. à l’université de Hull. C’est par le biais de la mise en scène qu’elle arrive à l’écriture. Elle écrit pour le théâtre By Many Wounds, Hamsptead Theatre, en avril 1999 puis Further than the Furthest Thing (Plus loin que loin), une coproduction Royal National Theatre/Tron Theatre en 2000, lauréate du Peggy Ramsay Playwrighting Award en 1999, du John Whiting Award et du Festival Fringe d’Édimbourg en 2001; Nightingale and Chase, Royal Court, Londres octobre 2001.

De janvier 2000 à octobre 2001, elle a été auteur en résidence de la Royal Shakespeare Company. Elle a été nommée comme meilleur espoir du Evening Standard Award en novembre 2000. Zinnie Harris a reçu The Arts Foundation Award for Playwrighting en 2004. Ses deux dernières pièces Midwinter (Hiver) et Solstice, dont elle a assuré la mise en scène en 2004 et 2005, ont été produites par la Royal Shakespeare Company. Ce sont les deux premiers volets d’une trilogie (SolsticeMidwinterFall). Zinnie Harris a également écrit pour la radio et pour la télévision..

En France, la Comédie de Valence lui a passé commande en 2004 d’une pièce courte, Dusk (Crépuscule) pour « Temps de paroles (mise en scène de Richard Brunel). Plus loin que loin (traduite grâce à une bourse de la Maison Antoine-Vitez) a été créée au Théâtre du Rond-Point en 2005 dans une mise en scène de Sandrine Lanno, puis mise en scène par Pierre Foviau en 2005 et Guy Delamotte en 2006. Hiver a été mis en espace par Laurent Vacher à la Mousson d’été 2005 et créée dans une mise en scène d’Alexis Michalik en été 2007 au Théâtre de la Reine Blanche (Paris) et à Avignon.

Le théâtre de Zinnie Harris, éminemment politique, imprégné d’humanisme, retrouve la portée symbolique, métaphysique de la parole, du langage. Le destin des individus pris dans le tourbillon de la guerre, l’identité en crise, l’absence, l’enfance perdue, traumatisée, le statut du langage, la validité des principes éthiques en temps de guerre, sont des thèmes récurrents de son œuvre.

 Bibliographie

Plus loin que loin – Edition de l’Embarcadere (2004)

Hiver suivi de Crépuscule – Éditions des Quatre Vents (2007)

 

 

GRAINE SAUVAGE

YANNIS TSIROS

 

Pièce en 12 scènes

Titre orignal Àgrios spòros

Pièce écrite en 2013 à Athénes

Création à Théssalonique dans une mise en scène de Cesaris Graužinis, 2013

Traduite du grec par Cécile Inglessis Margellos (2015)

Editée en français dans l’anthologie du théâtre grec – De la dictature à la crise. Editions L’espace d’un Instant 2015

La pièce

Un été lumineux de carte postale sombre dans un drame, où le clash des cultures nourri d’insoumission, de rancune, d’incompréhension et d’intolérance débouche sur l’extrême humiliation. Le porcher Stàvros est à l’image de l’éternel Karanghiòzis du théâtre d’ombres grec, face à des vizirs qu’il croit spolier alors qu’il se voit, lui, spolier de sa fierté et de son appartenance à un réseau archaïque de coutumes et de complicités, lui permettant de subsister et résister au temps comme à l’Autre, à la loi comme à l’étranger. Il est, en somme, l’infortuné héros d’une nouvelle tragédie grecque, avec bouc émissaire, mais sans espoir de catharsis.

Jusqu’à présent, une seule représentation a été donnée de la pièce : celle de Thessalonique, au théâtre Aristotèlio en 2013, dans une mise en scène de Cesaris Graužinis, venue ensuite brièvement à Athènes. Elle ne semble pas avoir été un succès parce que le vaste espace du théâtre ne convenait pas au style de la pièce et que le metteur en scène lithuanien, de bon niveau par ailleurs, a eu du mal à mettre en évidence les dimensions dissimulées sous le réalisme apparent de l’écriture. Sàvvas Patsalìdis, le critique le plus écouté de la vie théâtrale à Thessalonique, note de manière significative : « Graužinis n’a pas su prendre le pouls de la pièce, en saisir le nerf, les dimensions fugitives, le sous-texte. Il n’a pas vu (ou pas senti) son flux interne, l’échelonnement de sa dynamique et sa température intérieure. Il m’a donné l’impression qu’il n’avait pas de solutions claires devant ce réalisme de surface, aux fondements absurdes. Je peux comprendre pourquoi il est allé coincer entre les courtes scènes de la pièce un sentiment de distanciation brechtienne : il voulait rendre le spectacle plus cool, sauf que c’était un mauvais choix, parce qu’il était incohérent et qu’ainsi il a perdu tout rythme, glacé l’atmosphère et créé le sentiment d’une absence d’objectifs clairs ; si bien que les scènes ont semblé “bancales”, comme si elles trébuchaient sans arrêt sur elles-mêmes – parce qu’elles n’avaient pas où aller, avec l’ensemble des paramètres de la pièce ». Notons toutefois que des critiques moins autorisés ont réservé des commentaires plus positifs à la représentation, s’arrêtant principalement sur la bonne interprétation du héros central joué par Ieroklis Mihaïlìdis.

L’auteur

Yànnis Tsìros est né en Messénie, dans le Péloponnèse, et a grandi à Athènes.

Après des études de dessin, de photographie et de musique, il devient photographe de presse, musicien dans différents groupes, et travaille à la radio et à la télévision publique. Il a écrit pour le théâtre Axýrista pigoùnia (« Barbe de trois jours ») – premier prix d’État pour une première pièce dramatique en 2004, Ta màtia tèssera (Les Quatre Yeux) – prix Kàrolos Koun en 2010, Elèfthera ýdata (Les Eaux libres), Àgrios spòros (Graine sauvage) et des scénarios pour des films : La Lumière qui s’éteint – premier prix du film étranger au Festival de Lecce en 2001, La Montagne devant, troisième prix du Festival de Moscou en 2010, Apnée, prix Fipresci ainsi que prix du public au Festival de Thessalonique en 2010. Son film Mon ennemi a reçu en 2014 le premier prix de scénario, de mise en scène et de montage de l’Académie grecque du cinéma et a été primé au Festival ECU-Paris, au Festival de Louxor et au Festival de Nashville (USA).

 

LES MONOLOGUES SYRIENS

IMAN AOUN et THEATRE ASHTAR

 Théâtre documentaire constitué de 7 témoignages (en ce qui concerne cet extrait de 14 pages)

Traduction en cours de l’ararabe par Sumaya Al-Attia, Marguerite Gavillet Matar, Krystel Khoury et Marianne Weiss

Réalisé à l’Initiative d’Iman Aoun et du théâtre Ashtar de Ramallah

Création et tournée par le Théâtre Ashtar en Palestine et en Allemagne

Lecture à la Maison d’Europe et d’Orient 2016

Menacés par la guerre, ils ont fui leur pays et se sont réfugiés en Jordanie. Ils témoignent.

 

 

LONDINIUM

DEMIAN VITANZA

 Pièce en trois parties distinctes

Ecrite en 2012 d’abord en anglais puis en norvégien

Créée au Théâtre Black Box d’Oslo 2012

Pièce traduite du norvégien par Terje Sinding 2013

Lesture publique d’extraits de la pièce au théâtre de la Colline 2014 par Galin Stoev

La pièce

Trois drames sur la violence urbaine dans une cité marquée par un marnage d’amplitude assez exceptionnelle et par l’idée que le fleuve charrie toutes ses saletés vers la mer. Ce titre faisant référence à l’ancienne cité primitive créés par les Romains, l’auteur exprime-t-il son projet de dresser une sorte d’archéologie de la violence langagiere ? Pour moi, je ne vois pas trop la relation existant entre ces trois parties pas plus que l’intérêt de ces parties elles-même si elles devaient être jouées séparemment. L’impression d’être passé à côté du propos.

L’auteur

Né en Norvège en 1983, Demian Vitanza est d’origine italienne par son père. En 2011, il publie son premier roman, Urak. La même année, il met en scène au Théâtre national d’Oslo un spectacle basé sur des témoignages de sans-papiers. Il est également l’auteur d’un monologue basé sur le roman de Tarjei Vesaas, Les Oiseaux, qu’il a lui-même mis en scène. Londinium a été créé au Black Box Teater d’Oslo en septembre 2012.

Le traducteur

 Terje Sinding vit en France depuis 1969. Il a été secrétaire de rédaction à la Comédie-Française ainsi que chargé de cours au département des Arts du spectacle de l’Université de Paris X – Nanterre. En 2011, il a été nommé Chevalier de l’Ordre royal norvégien du mérite pour son travail en faveur de la littérature et du théâtre norvégiens en France. Il a traduit, entre autres : Jon Fosse, Henrik Ibsen et August Strindberg ainsi que de nombreux auteurs dramatiques scandinaves contemporains.

 

 

Assemblée Générale Istambul 2016

ASSEMBLEE GENERALE EURODRAM

ISTANBUL 19- 22 MAI 2016

Lundi 23 mai, onze heures. Après deux journées plus frileuses marquées par un ciel maussade et par les fermetures des boutiques du dimanche, la vie stambouliote retrouve soudain ses droits avec le soleil de retour et la circulation intense rend périlleuse l’idée même de traverser le boulevard. L’animation de la rue et la contemplation de la mosquée de Sisli occupent les dernières minutes de mon séjour à Istanbul. Tandis que mon thé refroidit sur une terrasse voisine de l´Hôtel Bade où je viens de rendre la clef de ma chambre, je couche ces dernières notes dans mon carnet de voyage avant de rejoindre Dominique et Clara pour nous rendre à l’aéroport.

 

Cette chronique compte-rendu qui commence par ces lignes est un journal aléatoire nourri des impressions diverses, des réflexions confuses et des informations éparses, plus ou moins vérifiées, glanées au cours de mon séjour. Et je ne prétends pas les organiser davantage en un récit fidèle, chronologique et objectif mais bien les laisser flotter en une collection de vignettes plus ou moins signifiantes en abusant de ce débraillé qui sied si bien à mon humeur en cette matinée où les valises sont bouclées et où les souvenirs ne sont pas encore classés. Donc nous voici sur le départ et quelle transition plus heureuse pour évoquer notre arrivée.

 

Un souvenir personnel associait le hall d’arrivée de l’aéroport Atatürk à une foule compacte et bruyante venue accueillir des parents émigrés de retour au pays à l’occasion des fêtes de Noël. Rien de tout ça aujourd’hui. L’endroit est agréable, dégagé et spacieux. On y circule sans difficulté et de nombreux robots permettent aux voyageurs d’envisager leurs opérations de change. Premières images d’une cité moderne dont dès le premier regard, il semble délicat de dresser le portrait entre les lieux communs orientalistes d’une autre époque et les inévitables fantasmes entretenus par les informations récentes. Comment prétendre saisir une quelconque vérité en un si bref séjour ? Ni sucre glace pour les loukoums ni tentures noires d’un khalifat qui se donnerait ici des allures peu crédibles de démocratie, le visage d’un pays ne se dévoile jamais avec facilité. A peine s’il se laisse deviner. Comme une danseuse orientale qui conserverait son tchador. Et Istanbul est Istanbul et n’est pas la Turquie.

 

Pour rejoindre la ville, on traverse en métro les vastes chantiers en cours ou depuis peu achevés et les nouveaux quartiers qui ont depuis quelques années grignoté les campagnes entre l’aéroport et le centre de la ville. Aux fenêtres des immeubles ou suspendus le long des façades des bâtiments en construction, flotte en très grand nombre le drapeau rouge de la Turquie. Les autobus et les toitures en sont également pavanés. Et il devient inévitable de se poser la question dont la réponse viendra plus tard. Nous sommes aujourd’hui le 19 mai, jour de fête nationale. Explication logique ! Mais les drapeaux ne disparaîtront pas pour autant le lendemain, otages d’un nationalisme dont s’est emparé le pouvoir au grand dam de ceux qui y voient le symbole de la Turquie moderne voulue par Mustapha Kemal.

 

C’est à moment-là… Le métro qui s’est engouffré sous les collines débouche à nouveau à l’air libre et s’élance sur une passerelle ferroviaire voisine du pont de Galata pour traverser la Corne d’or. Oui, c’est à ce moment-là que la ville mythique nous apparait dans toute la magie de ses célèbres vieilles mosquées, de la tour de Galata et du trafic sur le Bosphore. Alors, avant de replonger dans les profondeurs de la terre, le temps d’un court arrêt à la station d’Haliç… Alors oui, on se sent vraiment arrivés à Istanbul.

 

Dans le hall de l’hôtel Bade, au décor pour le moins sombre et imposant, un petit groupe d’une vingtaine de personnes se prépare à sortir. A pousser l’énorme porte à tambour pour aller avaler dans le café voisin une rapide collation avant de se rendre au théâtre. Un peu sonnés par le voyage, il nous faut un instant avant d’identifier nos amis. Heureux de se revoir, de se retrouver après un an de séparation et de nombreux échanges de mails. Hakan, notre hôte, toujours souriant en dépit de la charge importante que lui impose notre accueil, Zohar presque méconnaissable avec sa moustache d’aviateur, Andréas l’Athénien égal à sa jovialité, Ulrike plongée dans une discussion avec Jonathan, Neda à la lumineuse blondeur ukrainienne, Jeton toujours un peu farceur malgré sa nonchalance kosovare… J’en oublie. Forcément ! Il y a aussi quelques nouvelles têtes qui nous deviendront familières dans les heures à venir. Et de nombreux membres du Fence que nous croiserons au fur et à mesure.

 

Le Büyükdere prolonge le Halaskargazi cadessi, une des artères les plus importantes et les plus commerciales de la ville. Le trajet nécessite une dizaine de minutes de marche pour se rendre à l’Hôtel Marmara Sisli où deux salles de conférence ont été réservées pour les réunions des deux groupes. Cette petite ballade matinale permet de découvrir, entre autres, un ancien cimetière grec caché derrière ses hauts murs et son porche barricadé, un institut psychiatrique français et le centre culturel de Sisli Mediciyeköi. Nonobstant le soleil de cette matinée et l’affichage en turc, la ville évoque n’importe quelle grande cité moderne avec ses hauts immeubles vitrés, ses boutiques à la mode, son trafic, ses terrasses de bar… Les femmes se promènent en cheveux comme disaient nos grands-pères et les foulards sont plutôt rares dans cette partie de la ville. Les minarets se planquent derrière les façades des buildings qui les écrasent de leur hauteur et les nombreux taxis sont aussi jaunes que ceux de New York. Mais dans une petite rue voisine, un marchand d’ail se proméne avec sa voiture à cheval et des porteurs déplacent des charges volumineuses sur des petits chariots à bras.

 

Au sous-sol de l’hôtel Marmara, une machine à café et quelques comestibles attendent les deux groupes avant leur séparation. Eurodram s’est vu attribuée la salle nommée Bluetooth pour un premier état des lieux concernant le fonctionnement des comités (recrutement, difficultés, perspectives et autres questions…). Un peu plus d’une vingtaine de représentants siègent autour des tables organisées en U et treize comités sont présents, un nombre jamais atteint. Les membres du comité allemand sont de loin les plus nombreux autour d’Ulrike avec Wolfgang, Henning, Nicole… Mais la représentation bulgare n’est pas loin d’être aussi nombreuse autour de Gergana. Zohar est venu avec Lilach afin de représenter le comité hébreu. Maria est accompagnée de Carolina pour le comité portugais, Frédéric et Pino représentent le comité italien en l’absence de Stéphane, son coordinateur. Deux autres nouveaux comités sont également présents, représentés par Anna (comité hongrois) qui s’est fendue d’un powerpoint et par Amine (comité arabe), syrien d’origine et vivant à Paris. Et puis autour de cette longue cène de la traduction théâtrale, on retrouve évidemment les habitués de ces rencontres: Hakan (comité turc), Andréas (comité grec), Jeton (comité albanais), Neda (comité ukrainien), Dominique et Clara pour la coordination générale et la Maison d’Europe et d’Orient.

 

Peu de temps pour déjeuner entre deux sessions de travail. Vu leur nombre important, auteurs, traducteurs, coordinateurs se répartissent entre plusieurs établissements voisins de l’hôtel Marmara. Terrasse couverte, soleil généreux et libre choix de son déjeuner derrière une vitrine de cuisine. Je jette mon dévolu sur un gratin d’épinards au fromage et une poêlée de foie d’origine arménienne, accompagnée de sauce au yaourt. Délicieux. Le dépaysement se niche souvent dans nos assiettes.

 

L’après midi est consacrée à la présentation des textes sélectionnés par les treize comités. Exercice anglophone à haut risque en ce qui me concerne, avec traduction simultanée en turc effectuée par Hakan. En effet, la séance est ouverte au public et quelques personnes intéressées parmi les acteurs du théâtre local se sont déplacées pour nous entendre. En dépit des douze minutes attribuées à chacun des intervenants, cette longue présentation de près de quarante pièces paraît interminable et assez épuisante malgré la volonté de concision exprimée par certains et les rappels à l’ordre répétés de Dominique. Le tout très ralenti par une chaleur étouffante et par les lenteurs digestives. Néanmoins, Hakan tiendra le choc de ce marathon interprétarial. Qu’en sera-t-il exactement du public ? Difficile de le savoir.

 

Avant le rendez-vous fixé pour nous rendre au spectacle, on se dégourdit un peu les jambes en compagnie de Wolfgang et d’Amine sur le Halaskargazi. Sans but, comme on se promènerait sur les Champs Elysées. Quand un petit bonhomme interrompt le discours d’Amine en lui tapant amicalement sur l’épaule. Il se retourne un peu surpris et reconnaît un de ses anciens voisins de Damas lorsqu’il vivait encore en Syrie. Les deux hommes s’embrassent, émus par ces retrouvailles totalement improbables mais que l’actualité de la situation syrienne rend à la fois plus explicable et plus chargée d’émotion.

 

Au fond de la galerie marchande d’un quartier résidentiel, un ancien cinéma reconverti en théâtre accueille La rébellion des chiens de Oyun Salonu, programmé dans le cadre de la vingtième édition de l’Istanbul Tiyatro Festivali. Dans le foyer, une fille aux cheveux bleus se tient derrière le bar et un public composé essentiellement de jeunes gens occupe bruyamment les chauffeuses. Conversations animées et ambiance underground curieusement enfumée alors même que personne ne fume. C’est le soir de la générale et la plupart des spectateurs sont des amis des comédiens. Sur les marches de l’escalier qui descend vers la salle, un jeune homme pointe les invités sur sa liste. Les invités étrangers que nous sommes échappent à cette obligation avant de retrouver leur siège nominalement identifié par une étiquette sur le dossier.

 

La pièce, un drame moderne opposant un couple bourgeois à ses deux employés est, bien sûr, jouée en turc avec surtitrage en anglais. Le débit est rapide et les surtitres galopent sur l’écran haut placé qu’on quitte à peine des yeux, au risque d’un torticolis. Malgré quelques incompréhensions et des questions non résolues, l’intrigue se laisse appréhender plus ou moins aisément. Les quatre comédiens défendent le spectacle avec un réel engagement et le ballet des portiques qui transforment à vue la scénographie en multipliant les lieux de l’action est assez fascinant. L’audace mesurée de plusieurs scènes déshabillées et une rage contestatrice inscrite dans le titre comme dans le propos de ce quartet, plaident pour une modernité que le public acclame avec des applaudissements nourris.

 

De retour à l’hôtel après la représentation, un autre spectacle nous attend : celui de la pleine lune flirtant avec le sommet d’un gratte-ciel et de la nuit stambouliote où le vol silencieux des mouettes inscrit sa chorégraphie de silhouettes blanches.

 

Samedi matin. La salle Infrared de l’Hôtel Marmara est remplie comme un œuf et on ajoute des chaises. Eurodram et le Fence sont enfin rassemblés pour une session commune consacrée au festival d’Istanbul et au théâtre turc actuel. Occasion d’une rencontre avec la directrice du festival et avec quelques auteurs et metteurs en scène turcs. L’échange est précédé par un tour de table exhaustif qui prend un certain temps vu le nombre des participants venus d’horizons très divers depuis l’Ecosse jusqu’à la République Tchèque, des Pays baltes jusqu’en Palestine en passant par les Etas Unis. Beaucoup de visages déjà croisés mais encore anonymes auxquels il est très agréable de pouvoir enfin attribuer un nom. Une belle décontraction d’ensemble en dépit du caractère assez formel et lapidaire de l’exercice. Au terme de la réunion, on aura appris beaucoup de choses sur l’histoire très récente du théâtre turc moderne, sur l’importance des sponsors dans le financement du festival (jusqu’à une compagnie de gaz qui met la main au portefeuille) sur le nouveau héros islamique chouchouté par les autorités à l’opposition des figures héroïque de la République turque…

 

Au cours de la séance, quatre auteurs turcs prendront la parole. Tüncer Cucenoglu avec sa voix posée et l’autorité de ses cheveux blancs. Mirza Metin, barbe noire en bataille et auteur de langue kurde. Hasan Erkek, élégant universitaire lettré et parfaitement francophone. Et bien sûr, notre ami Hakan à nouveau cantonné au rôle d’interprète.

 

Après le déjeuner sur les mêmes terrasses que la veille, l’après-midi est consacrée à l’exposé de Clara sur les modalités d’un financement européen et les critères à respecter. Un projet défendu avec une très belle énergie, détaillé jusque dans les points forts (diversité culturelle, mixité entre institutions publiques et structures indépendantes…) et les lacunes actuelles du réseau Eurodram. Lequel devra œuvrer pour une meilleure visibilité sur les réseaux sociaux, pour élargir son audience et son public, s’adjoindre des partenaires et définir des projets propres à chaque comité.

 

Temps gris et assez frais en cette soirée de samedi. Quelques discrètes gouttes de pluie commencent à s’écraser sur le ponton d’embarquement. A l’embarcadère de Kabalash, nous attendons le ferry pour traverser le Bosphore et assister à un spectacle au centre culturel de Caddebostan. La ville s’étend sur les deux rives avec une même vitalité. Et sur les collines au loin, les hautes antennes téléphoniques se dressent comme des minarets électriques. On est ici en centre-ville malgré la largeur du détroit mais la mer est présente, gris-vert, et des cormorans intrépides plongent au milieu des bateaux. Un des membres de Fence raconte que la veille en se rendant à un spectacle, il a vu des dauphins jouer autour du ferry. Allez savoir pourquoi, on pense aux Argonautes remontant le bras de mer pour rejoindre la Mer noire en quête de la toison d’or ?

 

Le théâtre se trouve au quatrième étage d’une imposante bâtisse de verre qui réunit aussi des salles d’activités, des galeries d’exposition et un complexe multisalle avec ses comptoirs de popcorn. Une salle de mille places au quatrième étage ! Et ce n’est pas le seul théâtre. Contrairement au spectacle de la veille, cette générale des Trois sœurs dans une version minimaliste est loin d’avoir fait le plein des amis et nous sommes une trentaine d’invités à occuper le parterre. L’adaptation s’est limitée aux seuls rôles titres d’Olga, de Macha et d’Irina, prisonnières d’une sorte d’aquarium sanitaire dont elles tentent de se libérer. La mise en scène très moderniste du macédonien Aleksandar Popovski ne sert pas forcément le propos de Tchekhov même si à la lecture ses surtitres en anglais, tous ses mots nous parviennent avec leur musique mélancolique. Malgré la belle énergie des actrices, il faut bien reconnaître que l’on s’ennuie un peu.

 

Le retour à l’hôtel emprunte un autre ferry, le dernier de la soirée sur lequel on embarque au prix d’une petite course à pied. Le trajet maritime en direction d’Eminönü longe la côte et ses monuments éclairés. Vision magique, irremplaçable qu’aucune photographie ne pourra jamais saisir dans toute sa splendeur. Une petite pluie s’écrase sur le pont de Galata où l’animation des terrasses est loin de s’être calmée en dépit de la fraîcheur. Le charme de cette promenade nocturne comme une sorte d’escapade touristique dans des images de cartes postales, justifie amplement d’avoir supporté ces trois sœurs et leurs tristes états d’âme .

 

Dimanche matin. Une dernière réunion plus ou moins informelle et destinée à se dire au revoir et à dresser le bilan de ces journées très denses nous occupe une partie de la matinée. C’est aussi l’occasion d’avaler un café en compagnie de Jeton, de prendre son petit-déjeuner avec Andréas et une auteure anglaise qui avoue que son français est moins assuré que mon anglais. Ce qui me rassure un peu, même je n’en suis pas fier.

 

Quartier libre pour cette après midi dominicale consacrée à la visite des inévitables curiosités touristiques en compagnie de Clara et de Dominique avec Hassan Erkek pour guide. Hagia Sophia en premier lieu où nous attend la bonne surprise d’entrer sans avoir besoin de faire la queue, conséquence prévisible des attentats de ces derniers mois et de la baisse de la fréquentation touristique. La mosquée bleue, beaucoup plus fréquentée en ce dimanche après-midi et où les femmes sont invitées à porter des foulards et d’informes jupes longues bleues distribués à l’entrée. Et la citerne Yerebatan, vaste basilique souterraine où règne un reposant silence. Le silence de ces carpes qui glissent dans l’obscurité entre ses colonnades et le silence des Méduses de pierre qui veillent à jamais sur les anciennes réserves en eau de l’antique Constantinople. Puis le grand bazar pour quelques emplettes et le plaisir de la flânerie.

 

Dernier repas du soir au restaurant Mangiamo, cantine vespérale officielle de cette rencontre Eurodram-Fence. A la télévision, un match de foot oppose l’équipe de Turquie à celle de l’Angleterre. Il y a là quelques anglais autour de Jonathan et plusieurs turcs évidemment. La Turquie est en train de perdre et même si Hakan souligne qu’il s’agit d’un match important, personne ne s’en inquiète vraiment. L’intérêt est ailleurs. Ce qui est en train de se construire, rencontre après rencontre: ce réseau Eurodram qui ne cesse de s’élargir et dont cette troisième assemblée générale aux portes de l’Europe et l’Orient a une valeur très symbolique.

 

Dernière matinée, dernière petite promenade avant de rendre ma clé. Pas un pingouin en vue sur la célèbre place Taksim ! En revanche beaucoup de policiers et de nombreuses grosses berlines noires aux vitres teintées. La place est entièrement bouclée en raison d’un sommet mondial. Impossible d’y accéder sans le badge officiel. Lequel pend sur le torse de messieurs bien coiffés et de jeunes dames en tailleur, tous fiers de leur allure. Tandis que sur le trottoir veillent des policiers en civil qui ressemblent à s’y méprendre à des chauffeurs de maître.

 

Et me revoici sur cette terrasse en face de la mosquée de Sisli en train de griffonner les dernières notes de cette chronique tandis que le soleil revient et que mon thé refroidit

 

 

 

 

COMPOSITION COMITE FRANCOPHONE

 

Coordination : Gilles Boulan, auteur,  Caen

Pénélope Dechauffour, universitaire, Montpellier

Dominique Dolmieu, metteur en scène, théâtre national de Syldavie, Montpellier

Comité :

Clemence Amoric, traductrice (anglais), Paris

Wolfgang Barth, traducteur (allemand), Brême,

Véronique Bellegarde, metteure en scène, comité de lecture de La Mousson d’été, Paris

Sophie Bezard, comédienne, formatrice, Paris

Marie-Noële Bordeaux, comédienne, lectrice à Postures, Paris,

Sabine Chevallier, éditrice, Editions Espace 34, Gard,

Fabrice Clément, acteur, Paris,

Kika Curocic, traductrice (serbe )

Ian De Toffoli, auteur, éditeur (Editions l’Hydre), Luxembourg,

Nicole Desjardins, comédienne, autrice, traductrice (allemand)

Laetitia Dumont-Lewi, universitaire, traductrice (italien), Lyon

Pauline Guillier, universitaire, Lyon

Dominique Laidet, acteur, enseignant à l’ENSAT, Grenoble,

Elisabeth Marie, actrice, metteur en scène, Strasbourg

Laura Pellerins, autrice, metteur en scène, traductrice (anglais)

Barnabé Perrotey, acteur, Paris,

Mountajad Sakr, universitaire, traducteur (arabe), Lyon

Dimitar Uzunov, acteur, metteur en scène, traducteur (bulgare), Paris et Sofia

Heinke Wagner, traductrice (allemand) Paris

Lisa Wurmser, metteur en scène, Paris

Zohar Wexler, comédien, traducteur (hébreu), Paris

 

Anciennement :  Sabrina Ahmed, Adel Hakim, Marianne Auricoste, Marie-Christine Autant-Mathieu, Céline Barcq, Nathalie Bassand, Michel Bellier, Michel Beretti, Claude Bernhardt, Jean-Louis Bertsch, Silvia Berutti-Ronelt, Roxane Borgna, Catherine Boskowitz, Frosa Bouchereau, Veronika Boutinova, Tatiana Breidi, Jérôme Carassou, Alain Carbonel, Marie-Pierre Cattino, Thomas Cepitelli, Pierre Charbonnel, Sabine Chevallier, Michel Cochet, Rachel Cohen, Jacques Connort, Michel Corvin, Stanislas Cotton, Tanja Czichy, Bela Czuppon, Ambre Declercq, Muriel Denefle, Gislaine Drahy, Sedef Ecer, Amin El Saleh, Jean-Claude Fall, David Furlong, Majida Ghomari, Pascale Grillandini, Daniel Hicter,  Bleuenn Isambart, Dag Jeanneret, Rossana Jemma, Carmen Jolin, Nacera Khaldi, Natasha Kourteva, Franck Lacroix, Philippe Lanton, Miloš Lazin, Tristan Le Doze, Philippe Le Moine, Daniel Lemahieu, Sébastien Lepotvin, Audrey Liebot, Laurent Maindon, Jean-François Matignon, Catherine Mazelier-Lajarrije, Jacques Michel, Guillaume Morel, Laurent Muhleisen, Jan Nowak, Bruno Paternot, Mirella Patureau, Clément Peretjatko, Nathalie Pivain, Elie Pressman, Edith Rappoport, Stéphane Resche, Salomé Richez, Guillaume Robert, Alizée Russo, Karine Samardzija, Renata Scant, Clara Schwartzenberg, Christophe Sigognault, Tristan Soler, Marc Tamet, Laurent Van Wetter, Patrick Verschueren et Ubavka Zaric.-théâtre des littératures