J’APPELLE MES FRERES – JONAS HASSEN KHEMIRI

J’APPELLE MES FRERES

JONAS HASSEN KHERIMI

 

LA PIECE

  • Pièce en 11 scènes
  • Ecrite en 2013 à Stockholm
  • Titre original : Jag ringer mina bröder
  • Traduite du suédois Marianne Ségol-Samoy en 2013
  • Publiée en français par Théâtrales

Résumé

Un acte terroriste a eu lieu : une voiture piégée a explosé en plein centre, semant un vent de panique dans la ville. Shavi puis Valeria puis Ahlem puis Tyra téléphonent à Amor pour lui faire des recommandations. Mais lesquelles ? Doit-il faire profil bas afin de ne pas se distinguer des autres ? Doit-il essayer de se fondre dans la masse ? Ou au contraire, vaut-il mieux manifester sa présence et être « visible » ?

Amor évolue dans un paysage menaçant contaminé par la paranoïa tout en essayant d’agir normalement. Mais qu’est-ce qu’un comportement normal ? Comment gérer sa peur et maintenir ses pensées et ses opinions à l’écart des préjugés ? Quelle attitude adopter quand les autres nous regardent d’un œil suspicieux? Qui est un coupable potentiel ? Eux ? Moi ? Nous ?

Note de la traductrice

J’appelle mes frères est une pièce jouant avec les préjugés envers les autres et envers nous-mêmes. Ici, comme souvent chez Khemiri, la représentation des immigrés et des étrangers est au cœur de la pièce. Au fur et à mesure que le personnage central évolue dans un paysage urbain, l’arrière-plan politique d’une société se dessine et révèle son racisme et sa peur de l’étranger. Comme vus à travers un kaléidoscope, les personnages changent d’identité, se croisent, se mêlent. La multiplicité des appartenances et des identités culturelles et cultuelles sème bientôt le doute. Les apparences sont toujours trompeuses. Une tâche quotidienne finit en interpellation musclée de la police. Un banal signe de la main se transforme en menace de mort. Un coup de fil devient un message de l’Autre Camp. Je deviens Tu qui devient Nous.

L’auteur nous embarque dans un univers singulier et claustrophobe où un personnage est happé par la suspicion ambiante. Une guerre a été déclarée. Mais pas comme nous l’entendons. Ici, la guerre s’est introduite dans la tête des gens et s’exprime sous forme de peur. Et lorsque cette peur s’est installée, les avions deviennent des missiles, les sacs à dos deviennent des bombes et tous les barbus deviennent des ennemis potentiels.

Jonas Hassen Khemiri écrit dans une langue originale et nuancée « faite maison ». Son suédois délibérément approximatif s’inspire du langage des banlieues, de l’arabe et des jeux de mots. Le résultat est une langue pluriculturelle à la fois drôle, poétique et métaphorique. La langue et les scènes courtes imposent un rythme soutenu aux 4 comédiens qui interprètent les 13 personnages. Ceux-ci se dédoublent, changent d’identité, brisant la linéarité et l’espace-temps et installant une réalité imaginaire. Progressivement, la comédie devient plus grinçante. Les clichés et les malentendus autour de l’Autre laissent place à la réalité et à la solitude de l’être humain. Et si l’autre, c’était moi ?

Marianne Segol

L’AUTEUR

Né en 1978 à Stockholm d’un père tunisien et d’une mère suédoise, Jonas Hassen Khemiri est considéré comme l’un des auteurs suédois les plus importants de sa génération.

En 2003, à seulement 25 ans, il obtient une notoriété considérable avec la publication de son premier roman, Ett öga rött (Un rouge œil), qui a été un best-seller en Suède. Son deuxième roman qui s’est également vendu à plus de 200 000 exemplaires, Montecore – en unik tiger (Montecore – Un tigre unique, publié en France au Serpent à Plumes), lui a valu plusieurs récompenses. En 2012 paraît son troisième roman, Jag ringer mina bröder (J’appelle mes frères, à paraître en France chez Actes Sud en 2014), qu’il a aussitôt adapté pour la scène.

Sa première pièce de théâtre, Invasion !, a été jouée à guichets fermés de mars 2006 à janvier 2008. Elle a été montée en 2010 en France au Théâtre Nanterre-Amandiersdans une mise en scène de Michel Didym. En octobre 2009, Vi som är hundra (Nous qui sommes cent) a été montée au Théâtre national de Göteborg. En France, elle a été mise en espace par Mikael Serre en décembre 2011 à la Comédie de Reims et montée par Édouard Signolet en décembre 2012 à Théâtre Ouvert. En 2015, elle a été mise en scène par le collectif Fluorescence au Théâtre National de Belgique. Jag ringer mina bröder (J’appelle mes frères) a été créée en janvier 2013 au Théâtre national de Malmö et a été sélectionnée à la Biennale de théâtre en Suède en mai 2013. En France, elle a été mise en scène en 2014 par Melany Charvy, compagnie Les Entichés. En Belgique, elle a été mise en scène en 2015 par Rachid Benbouchta à l’Espace Magh. En 2017, la pièce sera mise en scène par Noémie Rosenblatt à la Comédie de Béthune.

Jonas Hassen Khemiri a reçu de nombreux prix dont en 2011 la bourse Henning Mankell en Suède et le OBIE Award aux États-Unis. Ses romans sont traduits en français, en allemand, en danois, en norvégien, en finnois, en néerlandais, en hongrois, en italien, en russe et en anglais, et ses pièces ont été jouées en France, en Allemagne, en Norvège, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

En 2015 il a reçu le prix August (équivalant du prix Goncourt en Suède) pour son roman Allt Jag inte minns (Tout ce dont je ne me souviens pas), à paraître prochainement chez Actes Sud.

L’œuvre dramatique de Jonas Hassen Khemiri est gérée par l’agence Althéa.

Oeuvres théâtrales traduites en français

  • Invasion !- Editions Théâtrales
  • J’appelle mes frères – Editions Théâtrales
  • Nous qui sommes cent – Editions Théâtrales
  • L’Apathie pour débutants – Editions Théâtrales
  • (Presque égal à ) – Editions Théâtrales

 

LA TRADUCTRICE

Marianne Ségol-Samoy est née en Normandie en 1972. Elle a une double maîtrise de français langue étrangère et de lettres scandinaves. Après plusieurs années passées sur scène en tant que comédienne, elle se lance dans la traduction de pièces de théâtre et de littérature suédoises.

Elle a traduit une trentaine de pièces dont une dizaine pour le jeune public et une trentaine de romans dont une dizaine pour la jeunesse. Elle traduit des auteurs de théâtre comme Sara Stridsberg, Jonas Hassen Khemiri, Suzanne Osten, Rasmus Lindberg, Malin Axelsson… et des auteurs de roman comme Henning Mankell, Per Olov Enquist, Katarina Mazetti, Astrid Lindgren, Per Nilsson, Johanna Thydell. Depuis 2013, elle coordonne le comité nordique de la Maison Antoine Vitez. Cofondatrice de LABO/07, réseau d’écritures théâtrales internationales d’aujourd’hui, elle a dirigé l’édition le numéro 10 des Cahiers de la Maison Antoine Vitez avec Karin Serres.

 

RESUME EN ANGLAIS

I CALL MY BROTHERS
JONAS HASSEN KHERIMI

  • Written in 2013 in Stockholm`
  • Original title: Jag ringer mina bröder
  • Translated from Swedish Marianne Ségol-Samoy in 2013
  • Published in French by Théâtrales

There was a car bomb attack in the city centre and the whole Muslim community immediately became alarmed. Amor, a member the Tunisian community, is an integrated immigrant who just wants to live peacefully without money problems. But on the day in question, he promised his cousin to exchange a drill bit in a store near the place of the attack. But negative rumours as well as the mistrust of others brand him as guilty in their eyes. But guilty of what ?
A very impressionistic play about the discomfort of the Muslim community in Sweden.

 

RESUME EN ALLEMAND

ICH RUFE MEINE BRÜDER
JONAS HASSEN KHEMIRI

  • 2012 in Schweden verfasstes Stück
  • Originaltitel: Jag ringer mina bröder
  • Übersetzung aus dem Schwedischen von Marianne Segol 2013

Ein Attentat mit einem sprengstoffbeladenen Auto mitten in der Innenstadt versetzt unverzüglich die islamische Gemeinde in Aufregung. Amor ist ein integrierter Immigrant tunesischer Herkunft, der einfach sein gesichertes Leben als junger leitender Angestellter leben will. Aber er hat seiner Cousine versprochen, an diesem Tag in einem Geschäft in der Nähe des Attentatsortes den Bohrer einer Bohrmaschine umzutauschen. Gerüchte und der Blick der anderen machen ihn zum Schuldigen, aber zu Schuldigen wofür? Zudem klingelt ständig sein Telefon… Ein sehr impressionistisches Stück über das Unbehagen der muslimischen Gemeinde in Schweden, wo der Rassismus eine bedrohliche Dimension annimmt.