Sélection Eurodram 2023 : Fritz le fils d’un pêcheur, de Raphaela Bardutzky

texte français de Henri Christophe
titre original : Fischer Fritz
texte traduit de l’allemand en 2022
avec le soutien de la Maison Antoine Vitez
Texte écrit en 2021
Créé à Berlin, Leipzig et Graz en 2022
Prix du public au Prix d’encouragement Nouvelles écritures dramatiques au Kammerspiele de Munich 2021,
Pièce lauréate aux Journées théâtrales des auteur.es (ATT) 2022
Pièce également traduite en anglais
Domaine protégé : Gustav Kiepenheuer Bühnenvertrieb 202

sumé de la pièce

Tout part d’un fourche-langue classique en allemand, comparable aux chaussettes de l’archiduchesse dont on ne sait si elles sont sèches, voire archi-sèches. Sauf qu’ici, il s’agit du fils d’un pêcheur professionnel prénommé Fritz vivant au fin fond de la Bavière, qui s’évertue à attraper du poisson frais mais qui, victime d’un accident cérébral, ne peut plus assouvir sa passion. Son propre fils, Franz (car né le jour de la Saint François), coiffeur à Munich, en relation délicate avec son père, ne parvient pas à faire entrer celui-ci dans un Ehpad. Seule solution : une jeune aide-soignante venue de Pologne, parlant l’allemand à peu près et dévouée à son travail. Pendant le voyage, celle-ci s’entiche de Borys, le chauffeur du minibus avec qui elle va échanger force textos en polonais. Piotra s’occupe bien de Monsieur Fritz, l’aide comme elle peut et prépare de bons plats de poisson. Franz vient tous les lundis faire les courses et distraire son père. Pendant cet été caniculaire, Fritz craint pour les poissons de la rivière qui coule le long de son jardin, au point de s’extirper un petit matin de son lit et, à l’aide du déambulateur, d’avancer jusqu’à l’eau. Alors qu’il veut vérifier le niveau de l’eau, le déambulateur lui échappe et il tombe sur la rampe de béton. Piotra se rend compte de son absence et le retrouve au bord de l’eau, saignant de la tête, inconscient. Elle appelle les secours, Borys et Franz. Fritz est transporté à l’hôpital où il meurt quelques jours plus tard. Borys vient pour ramener Piotra, pétrie de culpabilité, en Pologne. Franz est soulagé.

L’autrice

Raphaela Bardutzky fait des études de dramaturgie théâtrale, de philosophie et de littérature à l’Académie de théâtre Gustav Everding et à la LMU Munich. Ensuite, elle travaille comme consultante et lectrice dans la Art-House, section cinéma. En compagnie de Theresa Seraphin, elle fonde en 2016 le « Réseau des écrivain.es de théâtre munichois.es. En 2017, sa pièce Wüstling (Le Débauché) est distingué par la Bourse littéraire de Munich.

En 2021, sa pièce Fischer Fritz est nommée au festival Stückemarkt à Heidelberg et au Prix d’encouragement Nouvelles écritures dramatiques au Kammerspiele de Munich, où elle obtient le prix du public.

Depuis 2019, Raphaela Bardutzky fait partie de l’équipe de la LIX Lesereihe à Munich, au Theater HochX. De plus, elle milite au sein de l’association des Équipes de Lectures indépendantes en vue de structures vivables et de salaires décents dans le secteur de la littérature. Elle dirige des ateliers d’écriture et enseigne à la LMU et à l’Institut d’études théâtrales, « Écrire pour le cinéma et le théâtre ».

Raphaela Bardutzky vit à Munich.

Commentaire du traducteur

Le qualificatif de « Sprechtheater », théâtre de parole, que l’auteure donne à sa pièce indique d’emblée l’importance de la langue, des langues, et de la musicalité du texte. Truffé de casse-langues, d’expressions proverbiales, de chansons en polonais ou en anglais, de passages en langage médical ou pharmaceutique, de termes techniques de la pisciculture, le texte résonne de multiples nuances. Les différences entre les trois personnages – Fritz, Franz et Piotra – se dessinent souvent grâce à leur manière de parler, au lexique qu’ils utilisent et qui révèle assez précisément leurs origines, quels que soient les personnages que l’acteur ou l’actrice endossent. L’empathie de l’auteure avec le monde qu’elle dépeint est manifeste, de même que son plaisir à jouer avec ses personnages et leur désir de ne pas se laisser écraser par le poids d’une campagne très arriérée. Le quotidien prend toute sa place, certes, mais il est percuté par les échappées quasi poétiques des personnages. Ceux-ci restent localisés dans le Sud de l’Allemagne, même si le dialecte bavarois est rendu dans la traduction par un parler familier non marqué géographiquement – ce qui permet aux personnages de voyager au-delà de l’allemand.

Le traducteur

Heinz Schwarzinger dit aussi Henri Christophe, traduit de l’allemand vers le français et inversement, principalement du théâtre, entre autres Elias Canetti, Händl Klaus, Ödön von Horvath, Elfriede Jelinek, Karl Kraus, Frank Lappert, Felix Mitterer, Heiner Müller, Einar Schleef, Ferdinand Schmalz, Arthur Schnitzler, Werner Schwab, Gerhild Steinbuch, Peter Turrini, Richard Wagner, Frank Wedekind ainsi que Enzo Cormann, Pierre Corneille, Carole Fréchette, Alfred Jarry, Joël Jouanneau, Armando Llamas, Marivaux, Molière, Pierre Notte, Jean-Michel Ribes, Larry Tremblay.

Prix national autrichien de la traduction littéraire, 1991.

Photo  Tim Burkhardt