PIG BOY 1986-2358 – GWENDOLINE SOUBLIN

PIG BOY 1986-2358
GWENDOLINE SOUBLIN

Pièce écrite à Lyon, entre avril 2016-avril 2017
La première partie de Pig Boy 1986-2356 est une commande de la Sala Beckett dans le cadre de l’Obrador d’Estiu de Barcelone.
Il fait partie de la sélection 2018 du festival Mange ta Grenouille ! de Prague en République Tchèque.
Prix des Journées de Lyon des Auteurs de théâtre 2017.
Sélection Coup de Coeur de Troisième Bureau 2018
Sélection Festival Écrits à vif 2018
Publication par les Editions Espaces 34 / janvier 2018
Traduction intégrale en tchèque, traductions partielles (première partie) en catalan par Gemma Beltran et en anglais par Simon Scardifield

Résumé

Pig Boy 1986-2358 est un texte-gigogne en trois parties.
La première partie raconte l’histoire d’un jeune éleveur de porc français en proie à la crise agricole des années 2010 et qui se rêve Cow-Boy plutôt que Pig Boy. La deuxième imagine Pig Boy, porc- star de la marque de jambon PERTA et descendant direct d’un des porcs de cet éleveur breton, qui est accusé d’avoir copulé avec une fan Japonaise, et qui se retrouve sous le feux des projecteurs à l’occasion d’un procès médiatique virtuel où le public peut décider de son sort. La dernière partie propose une échappée vers un futur onirique. Nous sommes dans la tête d’une truie qui s’échappe d’une maternité dans laquelle elle mettait bas à des bébés humains. C’est l’histoire de sa fuite vers la forêt– et c’est l’histoire de la réconciliation des trois histoires où bêtes et hommes se cherchent une raison d’être, au milieu des flux technologiques et la montée du transhumanisme.
Quitte à inventer une nouvelle espèce?

Note d’intention
En juillet 2016, j’ai été invitée à participer à la résidence de l’Obrador d’Estiu de la Sala Beckett de Barcelone. Dans ce cadre, j’ai dû répondre à la commande d’un texte court autour de la thématique du pouvoir. De là est née la première partie de Pig Boy 1986-2358 et l’envie de déplier une colère naissante dans un texte plus ambitieux.
Cette colère, d’où vient-elle ? De mon histoire familiale. Je suis petite-fille d’agriculteurs. Et si mes grands-parents sont aujourd’hui retraités et la ferme inexploitée, il n’empêche que mon histoire familiale trouve des échos dans l’actualité récente. Depuis quelques années en effet, l’agriculture française traverse une crise sans précédent, et chaque jour, un à deux agriculteurs mettent fin à leurs jours, dépassés par une PAC et un ministère de l’Agriculture qui les laissent exsangues, endettés et parfois désespérés – eux qui aiment pourtant leur métier. C’est d’abord de cela dont j’ai voulu parler : de cette agriculture moderne qui dans les années 60 a connu son heure de gloire mais qui maintenant, à force de compétitivité et d’industrialisation, a fini par appauvrir ses fils de la terre (beaucoup vivent avec le RSA) et leur a donné une place moindre dans notre société. Cette maltraitance, nous la retrouvons aussi du côté des animaux d’élevage et de leur condition de vie. La société de surconsommation a engendré des bêtes malades, entassées et tuées avec peu d’égard – il s’agit de rentabiliser plutôt que prendre soin. Un même champ sémantique se dessine, du côté des hommes comme des bêtes, celui de l’oppression. Bien des scientifiques et des géants de la Silicon Valley pensent désormais l’avenir avec une perspective transhumaniste très éloignée de la nature – de laquelle, disent-ils, nous pourrions nous émanciper. La mort est une maladie dont il faut comprendre comment guérir. Ici la bio-science a pris le pas sur l’industrie, comme avant l’industrie avait pris le pas sur les outils. Les agriculteurs deviennent les figures has-been d’un âge de pierre que les gourous modernes disent révolu. Penser les technologies et les animaux revient à penser notre identité. Notre « nature ». Notre devenir, donc.
Car à quoi bon l’agriculture si l’on peut faire de la viande synthétique? A quoi bon le cochon s’il n’est d’aucune utilité pratique, gustative? A quoi bon la vie réelle si la vie virtuelle, les NBIC (Nanotechnology, Biotechnology, Information technology and Cognitive science) peuvent constituer une nouvelle façon d’être vivant? C’est quoi, « être vivant »? Quelle est notre histoire fondatrice ? Comment un système en chasse un autre? Quelle légende s’imprimera dans les médias – et dans la future Bible ?
Ce sont toutes ces questions que j’ai souhaité soulever au travers d’un texte-gigogne qui traverse trois temps, trois registres de langues, trois réalités, trois virtualités. Ces trois histoires n’en sont en fait qu’une seule : celle d’un personnage symbolique, Pig Boy, qui lutte contre un système sélectif écrasant et tente de définir son « identité » au milieu d’un monde uniformisé et qui élimine de façon quasi eugéniste ceux qui ne correspondent pas au modèle dominant, à l’espèce dominatrice.
Cochons et hommes, même combat pour leur survie ?

Gwendoline Soublin
Née en 1987, Gwendoline Soublin se forme d’abord comme scénariste à Ciné-Sup, Nantes. Puis elle poursuit des études au Conservatoire d’Art Dramatique du 18ème à Paris. Parce qu’elle aime les aventures multiples, elle a notamment pratiqué l’art-thérapie, chroniqué sur une radio associative, écrit pour un webzine…
En 2014, elle a reçu l’aide d’Encouragements du CnT pour sa deuxième pièce, Swany Song, et en 2015 elle a été accueillie à la Chartreuse-CNES – pour y écrire une pièce jeunesse, Les Monstres, lue pendant La Belle Saison. L’été 2016, elle a fait partie de l’Obrador d’Estiu de la Sala Beckett à Barcelone pour laquelle elle a écrit un texte traduit en anglais/catalan, Pig Boy 1986-2358 (Lauréat des Journées des Auteurs de Lyon 2017 / publication par Espaces 34 en janvier 2018 / sélection par le festival tchèque Mange ta grenouille! / Sélection Coup de cœur Regards Croisés à Grenoble). Son texte Vert Territoire Bleu, a été lauréat du label Jeunes Textes en Liberté (mise en espace Hakim Bah, en partenariat avec la MC93) et sélectionné par le comité de lecture Le Plongeoir du Glob Théâtre de Bordeaux. Elle travaille également avec des marionnettistes (Coca Life Martin 33 cl pour Coline Fouilhé / publication aux éditions Koïnè en novembre 2017 ; et 120H ou l’étonnante histoire aéronautique de Nich Nich Vespa pour La Collective). Au printemps 2017, elle était résidente au théâtre Am Stram Gram de Genève pour y écrire le texte jeunesse, Tout ça tout ça (Aide à la création ARTCENA 2017 / Lauréat Label Jeunes Textes en Liberté 2018 / Sélection Jeune Public E.A.T. 2018). Ses textes jeunesse sont également édités par Dramedition (Une poule sur un mur et Harmonie Pilote in Tome 3 et 4).
Cette saison 2017-18, elle fait partie du projet TOTEM(s) initié par la Chartreuse-CNES où elle travaille à l’écriture de maquettes d’opéra en partenariat avec des compositeurs européens pour les Journées d’été du festival d’Avignon 2018. Le festival lyonnais En Acte(s) lui a également commandé l’écriture d’un texte d’actualité, On dit que Josepha, qui se jouera au TNP de Villeurbanne en mars 2018.

Pig Boy 1986-2358

PIG BOY 1986-2358
GWENDOLINE SOUBLIN

Pièce écrite à Lyon, entre avril 2016-avril 2017
La première partie de Pig Boy 1986-2356 est une commande de la Sala Beckett dans le cadre de l’Obrador d’Estiu de Barcelone.
Il fait partie de la sélection 2018 du festival Mange ta Grenouille ! de Prague en République Tchèque.
Le texte intégral a reçu le prix des Journées de Lyon des Auteurs de théâtre 2017.
Publication par les Éditions Espaces 34 / janvier 2018
Traduction intégrale en tchèque, traductions partielles (première partie) en catalan par Gemma Beltran et en anglais par Simon Scardifield

Resumé

Pig Boy 1986-2358 est un texte-gigogne en trois parties.
La premi7re partie raconte l’histoire d’un jeune éleveur de porc français en proie à la crise agricole des années 2010 et qui se rêve Cow-Boy plutôt que Pig Boy. La deuxième imagine Pig Boy, porc-star de la marque de jambon PERTA et descendant direct d’un des porcs de cet éleveur breton, qui est accusé d’avoir copulé avec une fan Japonaise, et qui se retrouve sous le feux des projecteurs à l’occasion d’un procés médiatique virtuel où le public peut décider de son sort. La dernière partie propose une échappée vers un futur onirique. Nous sommes dans la tête d’une truie qui s’échappe d’une maternité dans laquelle elle mettait bas à des bébés humains. C’est l’histoire de sa fuite vers la forêt – et c’est l’histoire de la réconciliation des trois histoires où bêtes et hommes se cherchent une raison d’être, au milieu des flux technologiques et la montée du transhumanisme.
Quitte à inventer une nouvelle espèce?

Note d’intention

En juillet 2016, j’ai été invitée à participer à la résidence de l’Obrador d’Estiu de la Sala Beckett de Barcelone. Dans ce cadre, j’ai dû répondre à la commande d’un texte court autour de la thématique du pouvoir. De là est née la première partie de Pig Boy 1986-2358 et l’envie de déplier une colère naissante dans un texte plus ambitieux.
Cette colère, d’où vient-elle? De mes racines. Je suis petite-fille d’agriculteurs bretons. Et si mes grands-parents sont aujourd’hui retraités et la ferme inexploitée, il n’empêche que mon histoire familiale trouve des échos dans l’actualité récente. Depuis quelques années en effet, l’agriculture française traverse une crise sans précédent. Le cours du lait est en chute libre, celui du porc aussi, et chaque jour, un à deux agriculteurs mettent fin à leurs jours, dépassés par une PAC et un ministère de l’Agriculture qui les laissent exsangues, endettés et désespérés – eux qui aiment pourtant leur métier. C’est d’abord de cela dont j’ai voulu parler : de cette agriculture moderne qui dans les années 60 a connu son heure de gloire mais qui maintenant, à force de compétitivité et d’industrialisation, a fini par appauvrir ses fils de la terre (beaucoup vivent avec le RSA) et leur a donné une place moindre dans notre société. Cette maltraitance, nous la retrouvons aussi du côté des animaux d’élevage et de leur condition de vie. La société de surconsommation a engendré des bêtes malades, entassées et tuées avec peu d’égard – il s’agit de rentabiliser plutôt que prendre soin. Un même champ sémantique se dessine, du côté des hommes comme des bêtes, celui de l’oppression.
Bien des scientifiques et des géants de la Silicon Valley pensent désormais l’avenir avec une perspective transhumaniste très éloignée de la nature – de laquelle, disent-ils, nous pourrions nous émanciper. La mort est une maladie dont il faut comprendre comment guérir. Ici la bio-science a pris le pas sur l’industrie, comme avant l’industrie avait pris le pas sur les outils. Les agriculteurs – hommes premiers – deviennent les figures has-been d’un âge de pierre que les gourous modernes disent révolu. Penser les technologies et les animaux revient à penser notre identité. Notre « nature ». Notre devenir, donc.
Car à quoi bon l’agriculture si l’on peut faire de la viande synthétique? À quoi bon le cochon s’il n’est d’aucune utilité pratique, gustative? À quoi bon la vie réelle si la vie virtuelle, les NBIC (Nanotechnology, Biotechnology, Information technology and Cognitive science) peuvent constituer une nouvelle façon d’être vivant? C’est quoi, « être vivant »? Quelle est notre histoire fondatrice ? Comment un système en chasse un autre? Quelle légende s’imprimera dans les médias – et dans la future Bible ?
Ce sont toutes ces questions que j’ai souhaité soulever au travers d’un texte-gigogne qui traverse trois temps, trois registres de langues, trois réalités, trois virtualités. Ces trois histoires n’en sont en fait qu’une seule : celle d’un personnage symbolique, Pig Boy, qui lutte contre un système sélectif écrasant et tente de définir son « identité » au milieu d’un monde uniformisé et qui élimine de façon quasi eugéniste ceux qui ne correspondent pas au modèle dominant, à l’espèce dominatrice.

Cochons et hommes, même combat pour leur survie ?

Gwendoline Soublin

Née en 1987, Gwendoline Soublin se forme d’abord comme scénariste à Ciné-Sup, Nantes. Puis elle poursuit des études au Conservatoire d’Art Dramatique du 18ème à Paris. Parce qu’elle aime s’investir dans des aventures multiples elle a entre autres : animé des ateliers d’écriture, joué sur des places de village, pratiqué l’art-thérapie en tant que clown auprès de patients âgés atteints d’Alzheimer et cérébro-lésés, écrit pour le webzine Rhinocéros, chroniqué sur une radio associative de Montreuil, créé le collectif M’as-tu vu? et semé des graines de rêverie lors de voyages ou en participant à nombreux festivals de cinéma…

En 2014, elle a reçu l’aide d’Encouragements du CnT pour sa deuxième pièce, Swany Song, et en 2015 elle a été accueillie à la Chartreuse-CNES – pour y écrire une pièce jeunesse, Les Monstres, lue pendant La Belle Saison. L’été 2016, elle a fait partie de l’Obrador d’Estiu de la Sala Beckett à Barcelone pour laquelle elle a écrit un texte traduit en anglais/catalan, Pig Boy 1986-2358 (Lauréat des Journées des Auteurs de Lyon 2017 / publication par Espaces 34 en janvier 2018 / sélection par le festival tchèque Mange ta grenouille!). L’un de ses derniers textes, Vert Territoire Bleu, a été lauréat du label Jeunes Textes en Liberté (mise en espace Hakim Bah, en partenariat avec la MC93) et du comité de lecture Le Plongeoir du Glob Théâtre de Bordeaux. Elle travaille également avec des marionnettistes de l’ESNAM (Coca Life Martin 33CL / publication aux éditions Koïné en octobre 2017) et la Collective (120H / représentations à la NEF-PANTIN, Festival international de la marionnette de Charleville-Mézières…). Ce printemps 2017, elle a été en résidence au théâtre Am Stram Gram de Genève pour y écrire un texte jeunesse, Qu’on va où ?. Ses textes sont également édités par Drameducation (Une poule sur un mur et Harmonie Pilote in Tome 3 et 4).

En 2017-18, elle fera partie du projet TOTEM(s) initié par la Chartreuse-CNES où elle travaillera à l’écriture de maquettes d’opéra en partenariat avec des compositeurs européens pour les Journées d’été du festival d’Avignon 2018. Elle rejoindra également l’équipe des autrices performeuses de F3, Solenn Denis, Aurore Jacob et Julie Ménard, en résidence au 104 puis en représentations à La Loge en février 2018.

En cette rentrée 2017, elle travaille à l’écriture d’une nouvelle pièce, PUCELLE, autour de la figure de Jeanne d’Arc – mise en scène Marion Lévêque. Et est également chargée de cours aux université de Paris-Nanterre et Valence où elle donne des ateliers d’écriture.

Depuis 2015, elle est étudiante au sein du département Écrivain Dramaturge à l’E.N.S.A.T.T. de Lyon.

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